Aller-retour

Ecrivain londonien de renom, Tom Katz vit toujours dans le souvenir d’Anna, sa compagne décédée tragiquement. Aussi, son quotidien grevé par cette douloureuse absence est pour le moins terne, sans saveur voire étouffant. Aussi, pour tenter de sortir de cette torpeur névrotique, il décide de quitter Londres pour la Grèce le temps de trouver l’inspiration pour son nouveau roman. Il en réfère à Edgar, son ami éditeur qui l’approuve dans son projet. Après avoir atteint l’île de Santorin non sans une certaine appréhension, il tente de se fondre dans la masse de l’hôtel où il réside afin d’y glaner quelque inspiration qui tarde malgré tout à se déclarer. Il a la surprise de rencontrer une journaliste de ses connaissances, Margaret J.Cadbury, qui, lors de leur discussion, vient le sensibiliser sur l’une des pensionnaires de l’hôtel, l’énigmatique Pénélope Brown. En effet, cette dernière que personne ne connaît mais dont tout le monde parle semble peser de tout son poids dans le fonctionnement de l’établissement. Tom est enfin convaincu qu’il tient la matière suffisante pour entamer son nouveau roman. Qui est réellement Pénélope Brown ? Existe-t-elle vraiment ? Serait-elle celle qui pourrait ramener de la couleur dans la destinée de Tom ou, tout au contraire, le plonger dans une sombre machination ?

Par phibes, le 29 avril 2013

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Notre avis sur Aller-retour

Raphaël Drommeschlager se complait et persiste dans le travail en solo. Après Les voyages de Kaël, Les Fenêtres d’Eriston et Paris-New York New York-Paris, il revient sous le couvert de la maison Casterman pour un nouveau one-shot qui fleure bon le roman psychologique.

Pour ce faire, l’on fait la connaissance avec celui qui va porter d’un bout à l’autre l’histoire, Tom Katz, romancier à succès de son état mais psychiquement torturé par la perte de sa compagne Anna. Fort de ce postulat intimiste de départ, celui-ci nous installe dans sa névrose et également dans son souhait d’en sortir en fuyant le quotidien qui lui rappelle Anna, son ami disparue. De fait, après un temps d’adaptation et un voyage à la clé, l’intrigue se met en place grâce à une rencontre, Margaret, qui va instiller le mystère, confirmé par l’autre personnage clé, particulièrement insaisissable, Pénélope Brown.

Chapitrant habilement son équipée grecque, Raphaël Drommeschlager trouve le moyen d’éveiller une certaine curiosité sur les troublantes péripéties vécues par son héros, Tom Katz. L’artiste nous prend dans la toile de son histoire qu’il tisse au gré d’une évocation verbeuse de plus en plus entêtante, versant dans une réalité autre qui pousse au questionnement (héros comme lecteur) et dont la finalité semble totalement imperceptible. En effet, sera-t-elle de nature fantastique ou totalement plausible ? A n’en pas douter, l’artiste donne une réponse claire, en passant par un registre policier qui n’a rien pour déplaire et qui donne un peu plus de piment aux agissements du héros.

Côté dessins, Raphaël Drommeschlager reste dans la représentation originale de l’album Paris-New York New York-Paris avec toutefois un trait beaucoup plus abouti. Prêtant une nouvelle fois son effigie à son héros, il met un point d’honneur à traduire l’état psychologique de son personnage via une utilisation subtile des couleurs et un sens du découpage de ses planches. Par ailleurs, on pourra lui reconnaître la rigueur, la clarté de ses graphiques qui se veulent d’un réalisme remarquablement raffiné.

Un roman graphique rondement mené par un artiste complet, qui a le don de nous entraîner dans un voyage singulièrement dépaysant, aux circonvolutions inattendues.

Par Phibes, le 29 avril 2013

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