Loki

Loki, dieu de la fourberie, a finalement vaincu son demi-frère Thor, dieu de la foudre. Le royaume d’Asgard lui revient de droit. Mais, au fond, est-il intéressé par le règne ? Loki voulait humilier son frère, comme lui-même avait été humilié. Il voulait ébranler l’arrogance de Thor. Il aimerait un peu de reconnaissance. Un peu de compassion…

Par Yann Gourhant, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Loki

Pour vous, les comics c’est de la baston, des dessins moches, des couleurs informatiques, des mises en page illisibles ?
OK.
Rangez vos préjugez. Lisez Loki.
Robert Rodi s’intéresse visiblement plus à la mythologie scandinave qu’aux super-héros créés par Stan Lee. Il brosse un portrait nuancé de Loki. Humain, bien plus que divin. C’est la grande nouveauté de cet album. Ici, orgueil et narcissisme rime avec vertu. Loki, lui, est tour à tour magnanime, simple, fragile. Loin de tout manichéisme, il est plutôt pathétique.
L’écriture de Rodi exalte le phrasé des dieux. L’accent est posé sur les dialogues, bien plus que sur l’action. Les combats, figure de style incontournable chez Marvel, occupent, au plus, 5% de l’album. On respire. Alors, comment tenir le lecteur en haleine ?
Rodi utilise un stratagème scénaristique bien connu : la menace mystérieuse, incarnée, ici, par un voyageur encapuchonné. Son identité révélée humilie Loki une énième fois. Ca n’était pas vraiment utile… La narration est bien gérée. La tension monte progressivement, pour aboutir au coup de marteau final.
Peut-on parler de la réussite de Loki sans citer Esad Ribic ? Il faut voir comme il représente Loki, édenté, ongles noirs, parfaite allégorie d’un être rongé par la rancœur. La couleur directe est exemplaire. Ca manque parfois de contrastes, jamais de nuances. Sa palette chromatique, très subtile, supporte assez mal une lecture en lumière artificielle. Loki se lit en plein jour, au calme. Le découpage et les cadrages, classiques sont toujours lisibles. Seuls parasites, les onomatopées et bulles informatiques, pas toujours bien intégrées, déséquilibrent ces peintures magnifiques.
Loki procure une jubilation rare, quand on aime la mythologie et les œuvres de Stan Lee. En refermant l’album, on arrive presque à détester Thor et ses pairs. Rodi a compris les leçons de Frank Miller : comment s’identifier à un personnage s’il n’est pas complexe, tourmenté, bref, humain ? Même un super-villain à ses raisons d’agir !

Et si vous n’aviez toujours pas compris :
Amateurs de baston, passez votre chemin…

Par Yann Gourhant, le 12 avril 2005

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