Le livre de Léviathan

Lévi est un bébé sans visage qui aborde la vie et les grandes questions existentielles comme un adulte. Il observe le monde qui l’entoure et y voit le reflet d’un univers fantasmagorique… Il est guidé, dans ses errements par son ami le chat ainsi que son lapin en peluche. Ensemble, ils se baladent, s’interrogeant sur leurs origines, sur leur image, sur ce qu’ils signifient profondément…
"Le Livre de Léviathan" est un recueil de strips publiés dans les années 1990 dans le quotidien anglais "The Independent" !

Par fredgri, le 28 mars 2014

Notre avis sur Le livre de Léviathan

A travers cet enfant, dans ces mini-récits parfois énigmatiques, cryptiques, Peter Blegvad s’interroge d’une part sur la matière du rêve, sur son rapport avec la réalité, avec les multiples réminiscences du réel qui viennent se glisser dans cet univers étrange, mais aussi sur le sens de la vie elle même. Il se demande s’il y a une cohérence derrière ces reflets, dans ces gestes de l’inconscient et pousse même l’idée jusqu’à se mettre en scène sous la forme d’une main qui tient un crayon, l’imparable arme du destin qui se tient au dessus de Levi et des autres ! En parallèle, il amène aussi les personnages à se poser des questions sur le cadre de la planche, expérimentant le medium lui même, collant des extraits de journaux, d’encyclopédies etc.

Lévi tient donc un discours des plus cartésiens sur ce qu’il voit, même si progressivement l’auteur part dans tout les sens.Blegvad amène ainsi l’idée d’un état des lieux sur cette humanité qui fait face à ses obsessions, à cette absurdité vue et analysée par un enfant étrangement lucide.

C’est difficile de complètement faire le tour de cet album au travers de cet avis, car derrière l’apparente simplicité de ces strips se cachent néanmoins beaucoup de complexité. Les idées amenées sont particulièrement pertinentes, voir même quelque fois assez déstabilisantes. On passe d’une planche à tendance philosophique à une réflexion formaliste sur la page blanche, sur le cadre de la BD qu’on lit, en revenant sur des pensées métaphysiques. Parfois on peut être interpelé, on peut rester hermétique au sujet, mais en tout cas on n’est absolument pas indifférent aux questionnements de Levi, à ce qu’il provoque comme interrogations !

Et Peter Blegvad use tout les moyens qui sont à sa portée, l’humour, les jeux sur le langage, il bouleverse la narration, s’amuse à tordre la lecture, donnant l’impression d’une certaine légèreté au service d’une richesse sans fin. Le graphisme évolue lui aussi, tantôt noir et blanc, tantôt en couleur, avec des hachures… C’est magnifique !

Et très vite cette incroyable énergie graphique surréaliste, les innombrables pistes de réflexion qui s’offrent à nous nous entraînent dans un album qui fascine et qui nous laisse songeurs.
Blegvad développe un univers fourmillant de références diverses: qu’il s’agisse de Calvin et Hobbes, du Krazy Kat de Herriman, des dadaistes… Nous nous immergeons dans un monde mystérieux, véritable miroir déformant de celui qui nous entoure.
Ce puissant album se présente presque comme une sorte de nouveau voyage d’Alice au pays du nonsens, ou l’existence y est explorée sous toutes les coutures !

Incroyable œuvre déjà culte !

Par FredGri, le 28 mars 2014

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