Les voyages d'Ulysse

Nous sommes à la fin du XIX ème siècle, Jules Toulet est un peintre qui vient de rompre avec sa muse, son égérie : Anna. Il erre dans Istanbul avec son carton à dessins, sans parvenir à trouver de navire qui serait prêt à l’embarquer. Il rencontre alors la belle et énigmatique capitaine Salomé qui accepte de le prendre à son bord, à deux conditions: qu’il exécute un tableau par semaine et qu’il l’aide à retrouver un vieux peintre nommé Ammôn Kasacz. Jules accepte et se retrouve embarqué dans un étrange voyage…

Par fredgri, le 21 août 2016

Notre avis sur Les voyages d’Ulysse

Nouvel album d’Emmanuel Lepage, en collaboration avec l’éditeur galeriste Daniel Maghen. Ce qui explique en partie qu’il y a pas mal de double planches absolument magnifique destinées à venir garnir une toute aussi belle exposition qui se tiendra du 29 septembre au 22 octobre à la galerie Maghen (et je vous conseille vivement d’y faire un tour !)

Dans cet album, donc, Lepage est accompagné de Sophie Michel au scénario, ce qui lui permet d’ajouter une touche de féminité vraiment agréable et très juste. Le récit s’étire lentement au grès des vagues, des ports ou l’équipage accoste, des rencontres qui permettent à Jules et Salomé de suivre la piste du vieux peintre qu’il recherche. C’est d’une très grande subtilité et nous aussi avons l’impression d’entendre cette voix murmurer les vers de l’Odyssée, nous entraîner dans aventures d’Ulysse… de suivre les regards perdus vers l’horizon.

Pour mettre en scène les œuvres d’Ammôn Kasacz, Emmanuel Lepage a demandé au vétéran René Follet de peindre quelques nouveaux tableaux qui viennent rejoindre les reproduction des illustrations que Follet avait exécuté pour Dupuis dans les années 60. Et c’est évidemment sublime.
Nous sommes déjà fascinés par le travail de Lepage qui livre des planches absolument magnifiques, mais René Follet transcende littéralement chacune de ses incursions dans l’album (et je vous conseille le dossier graphique de fin de volume… Je suis encore sous le coup de tant de beauté !). Sa présence, véritable double d’Ammôn, habite l’album, nous aussi nous commençons à vouloir retrouver sa trace, suivre le fil conducteur ! Comme si cette quête devenait celle des auteurs, à la recherche d’une véritable authenticité légèrement passéiste, qui fait du bien de maintenir bien vivante et vibrante ! Follet devenant l’esprit qui persiste, qui reste bien présent…

Cet album retrace donc l’histoire d’un souvenir passé, la marque d’un artiste sur la vie de la belle Salomé, il célèbre le poids de l’art, l’importance de sa beauté et la vie qui s’en dégage. Mais ce qui est aussi mis en scène ici c’est l’histoire d’une jeune femme entière, qui se lance sur les mers pour rejoindre le souffle de sa mère, celle qui grâce à la richesse de son imagination a aidé sa fille à grandir, à se passionner pour ce grand air, ces figures qui se dessinent dans les nuages…

Une magnifique lecture qui s’apprécie dans le calme. On écoute les confidences de Salomé, on regarde Jules peindre ses toiles, on admire les tableaux d’Ammôn et on se laisse prendre par la main !

Très conseillé !

Par FredGri, le 21 août 2016

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