Les voleurs de beauté

 
Dans l’hôpital où elle travaille, Mathilde accueille un jour un patient dont le visage est recouvert par un masque qu’il ne veut pas enlever. L’homme est visiblement en souffrance, mais il s’obstinera à n’aider en rien la médecin qui finira donc par se désintéresser de lui et par le laisser à son caprice.

Plus tard, pourtant, l’homme est toujours assis dans un couloir de l’hôpital. Et alors que Mathilde met fin à une conversation téléphonique privée qui marque la rupture avec son compagnon, l’homme accepte de lui expliquer son cas, racontant l’inimaginable histoire qu’il a vécue :

Après un accident sur une route enneigée, l’homme et sa compagne ont été accueillis par les propriétaires d’un cossu chalet qui les ont séquestrés pour faire d’eux les cobayes d’une effrayante expérience…
 

Par sylvestre, le 17 janvier 2019

Publicité

Notre avis sur Les voleurs de beauté

 
Adaptée du roman de Pascal Bruckner, cette bande dessinée nous propose en version graphique un one-shot dans lequel deux héros malgré eux se passent le relais. Mathilde est en effet une femme qui travaille dans le secteur hospitalier et qui, lors de l’une de ses gardes, va écouter la terrible histoire d’un patient. Mais loin de n’être que la récipiendaire d’un témoignage, elle va à son tour devenir l’héroïne de la terrible histoire d’après !

Quand un personnage se confie à l’autre dans une histoire, le monologue est souvent prétexte à un flashback qui nous raconte l’histoire. Dans la construction de ce scénario, et comme je l’écris plus haut, la narration ne se contente pas de ce classicisme et va un peu plus loin, ce qui donne un autre relief, une autre saveur, au développement. Et, entre autres, à la conclusion.

L’histoire fait mouche car elle s’appuie sur de nombreux sujets et donne dans différents registres pour séduire. Il y a le côté aventure et action avec le stress que ça peut générer, il y a le côté thriller de la captivité et de la tournure de certains événements, il y a le côté voyeur, aussi, avec des scènes de séduction et de sexe… Et tout du long : un grand suspense ! Toutes ces notions, tous ces outils se retrouvent ailleurs, et notamment dans des films d’horreur ; je pense par exemple à Captifs (avec Zoé Félix) ou à Martyrs (avec Morjana Alaoui et Mylène Jampanoi). Certains lecteurs le percevront sans doute aussi, mais pour autant, la BD Les voleurs de beauté a sa propre force, sa propre identité. L’adaptation du texte original par Philippe Thirault et sa mise en images par Manuel Garcia y sont forcément pour quelque chose et on peut les saluer pour ça !

Comme dans d’autres récits du genre, sachez quand même que l’intrigue invite sa part de fantastique. On est donc dans un thriller "impossible", on est clairement dans de la fiction. Mais le fantastique se fait finalement très discret et c’est aussi ce qui fait sûrement qu’on tremble plus lors de la lecture que si le propos était complètement délirant.

Les voleurs de beauté est une excellente bande dessinée et donc un bel ambassadeur (pour celles et ceux qui ne l’ont pas lue) de la version romancée qui a, c’est à noter, reçu le prix Renaudot. Et pourquoi pas une attirante porte vers le reste de l’œuvre de Pascal Bruckner ?! Bonne lecture !
 

Par Sylvestre, le 17 janvier 2019

Publicité