Les tableaux de l'ombre

Lors d’une visite effectuée par une classe de jeunes élèves au Louvre, l’un d’eux, Jean, est captivé par un des tableaux. Si bien que quand il se retourne vers ses petits camarades, ces derniers sont déjà partis. Apeuré, il est toutefois consolé par la gardienne de l’étage qui lui propose d’aller les chercher. En attendant tout penaud, il se met à fixer les cinq tableaux qui lui font face. Son attitude n’a pas échappé aux personnages peints sur ces toiles qui se mettent à s’animer. En effet, ces derniers ne sont que trop heureux d’avoir fait l’objet de l’intérêt de quelqu’un et ce, depuis de très nombreuses années. Malheureusement, ce bref instant de grâce retombe aussitôt, aucun autre visiteur n’étant attiré par leur thématique et préférant de loin les tableaux les plus illustres. Aussi, au fil des ans, un vent de révolte fomenté par ces tableaux de l’ombre enfle au sein des galeries. Jusqu’au jour où la révolution se met en marche ! Auront-ils gain de cause face aux plus gros chefs d’œuvre du Louvre ?

Par phibes, le 11 avril 2020

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Notre avis sur Les tableaux de l’ombre

Comme à son habitude depuis Le sourire des marionnettes et après son album historique Florida, Jean Dytar revient sous les projecteurs, en auteur complet, pour nous proposer une étonnante introspection dans le milieu de l’art et plus particulièrement dans celui exposé dans les nombreuses galeries du célèbre musée du Louvre. Pour ce faire, il vient se faire en quelque sorte le défenseur de ces œuvres qui figurent sur les murs de ce lieu culte (au département des peintures) et qui malheureusement n’attirent qu’un regard furtif du visiteur contrairement à d’autres beaucoup plus illustres.

Pour illustrer ses propos, l’artiste s’est concentré sur les cinq tableaux réalisés par le peintre néerlandais Anthonie Palamedes et représentant symboliquement les cinq sens de l’être humain. Faisant fi d’une description digne d’un guide spécialisé, Jean Dytar préfère s’amuser à donner vie à ces personnages saisis originellement par leur créateur et à les entraîner dans un mouvement de contestation repris par d’autres (comme Clemens, le garçon peint dans Vue d’intérieur de Samuel von Hoogstraten) eu égard au manque d’intérêt qu’ils suscitent.

L’histoire contée est pour le moins rafraichissante et a surtout le bénéfice, tout en faisant un petit tour d’horizon très généraliste du musée de ce qu’il renferme, de mettre en lumière ce que l’auteur semble déplorer, à savoir le fait que beaucoup d’œuvres (de moindre notoriété mais pourtant de qualité culturelle) ne soient pas plus plébiscitées par le public. Toutefois, le ton employé se veut totalement généreux, sans aucun rejet de quoique ce soit, préférant stimuler un certain imaginaire dans le relationnel des personnages et de leur représentation. L’humour est perceptible et la petite histoire de Jean saura combler les plus jeunes comme les plus grands.

La partie graphique est réellement sympathique car elle mixe subtilement le semi-réalisme moderne du dessin propre à Jean Dytar et la représentation classique des huiles du Louvre. L’artiste ne plaint pas le travail surtout au niveau de la restitution des différentes salles emplies de tableaux. L’animation des personnages de ces peintures est elle-aussi habile, restant cohérents par rapport à leur apparence d’origine sans pour autant caricaturer.

Un album réussi, à la portée de tout le monde et qui donne furieusement envie de (re)visiter le fameux musée, ne serait-ce que pour saluer les cinq « copains » inséparables des 5 sens que sont Hilda, Saskia, Tobias, Caspar et Nils. Ce n’est pas pour rien qu’il a été coédité par le Louvre.

Par Phibes, le 11 avril 2020

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