SOULIERS ROUGES (LES)
Georges

Au printemps 1944, la petite bourgade bretonne de Saint Nicolas du Pélem vit au rythme des mouvements de l’occupant. Dans cette ambiance pour le moins pesante, Jules profite, en petit coureur des bois, des bienfaits de mère Nature. C’est à la suite d’une énième excursion qu’il rencontre Georges avec lequel il se lie très rapidement d’amitié. Russe blanc en exil, ce dernier n’en est pas moins instruit et curieux de tout, et surtout se veut un proche descendant de la famille royale. Ensemble, fort de cette nouvelle amitié qui les lie, les deux êtres partagent de bons moments. Jusqu’au jour, une escouade allemande composée de militaires de la gestapo escortés par un bataillon de cosaques débarque dans le village et prend possession du château. Il ne fait aucun doute que cette arrivée inquiétante va modifier très sensiblement la vie au village et amener malheureusement son lot de terreur. Jules et Georges vont en être les témoins et même la subir au premier chef.

Par phibes, le 8 février 2014

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Notre avis sur SOULIERS ROUGES (LES) #1 – Georges

Le catalogue Grand Angle de chez Bamboo s’enrichit d’une nouvelle saga qui fleure bon le récit historique et qui annonce la réunion de deux artistes qui se connaissent déjà pour avoir en commun une autre série en cours chez Vents D’Ouest, Les sauveteurs en mer.

Au scénario, nous retrouvons donc Gérard Cousseau, auteur plus connu sous le pseudo Gégé, qui, ici, délaisse ses productions humoristiques (Les Ripoupons, Les Toubibs…) pour s’investir dans une histoire nourrie de faits réels et qui nous introduit dans les ambiances de conflit mondial et d’occupation. Réalisée d’une manière plutôt conventionnelle et pour le moins linéaire, agrémentée de nombreux dialogues, elle a l’avantage de nous introduire dans les souvenirs d’antan d’un jeune et sympathique breton de dix-sept ans, Jules, au travers d’une narration personnelle sensible, humaine et un brin détachée eu égard à l’âge.

Cette évocation est liée à une rencontre marquante, celle avec un personnage charismatique qui a donné son prénom à ce premier tome, Georges. Gérard Cousseau via les yeux de son jeune héros nous en dévoile la personnalité, attachante et un tantinet surprenante. Exilé à prime abord, il se révèle d’une grande instruction, possédant un regard censé sur ce qui l’entoure, cet individu nous donne à apprécier sa stabilité qui vient contrecarrer l’insouciance de Jules.

L’histoire de cette rencontre passe également par le drame puisqu’à la suite de quelques pages de présentation du cadre et des personnages, le côté occupation vient prendre toute sa vigueur, par l’intervention des envoyés de la gestapo et des miliciens. A ce titre, le scénariste nous en fait percevoir la terreur générée et par ce biais, obscurcit son récit en introduisant un malaise de plus en plus soutenu et des émotions de plus en plus vives (en rapport direct avec les deux amis).

Damien Cuvillier signe ici un ouvrage qui remet favorablement en question ses acquis. Comme son scénariste, il abandonne l’humour au profit d’un dessin réaliste, tout en couleurs directes. On lui concèdera sans retenue que la douceur et la sensibilité ambiante se révèle un plus dans sa mise en image. Le travail qu’il produit est généreux, porté par une représentation de la région de la Côte d’Armor riche en tout point qui pousse à la découverte et par une galerie de portraits finement et humainement exécutés.

Un premier volet honorifique et intimiste qui mêle harmonieusement fougue et drame, dans des effets classiques, simples et efficaces.

Par Phibes, le 8 février 2014

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