RIVIÈRES DU PASSE (LES)
La voleuse

Dans le Paris d’aujourd’hui, Linn est une belle rouquine aux nombreux pseudos qui, grâce à son père, est devenue une très habile voleuse. Son art ayant été reconnu par Argonovitch, ce dernier est venu lui acheter ses services pour dérober un bijou égyptien antique à trois personnes qui doivent venir le rencontrer à son hôtel particulier.
Le soir de cette rencontre, Linn découvre ses trois cibles, un homme robuste, un seigneur et Lamia, une femme de grande beauté, négociant avec son commanditaire des armes et du matériel d’archéologie. Elle se met à les suivre après le deal et sur le seuil de l’entrée d’une vieille maison, vole le pendentif de la femme. Elle est de suite prise en chasse par ses victimes mais parvient à leur échapper. L’étrangeté du bijou attise l’intérêt de Linn qui décide de ne pas le restituer à Argonovitch. Evidemment, ce dernier, on ne peut plus irrité par ce revirement, tente de le lui reprendre mais se voit contré par Lamia qui parvient à récupérer son bien. Linn est alors rattrapée par Argonovitch qui, sous la proposition de celle-ci, accepte de la laisser courir après le mystérieux collier ayant trait au culte d’Aton.

C’est en revenant sur les lieux où elle a commis son forfait que la belle voleuse se voit, en franchissant une énorme porte, propulsée dans un autre Paris, aux aspects médiévaux et grevé par une invasion monstrueuse.

Par phibes, le 31 décembre 2020

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Notre avis sur RIVIÈRES DU PASSE (LES) #1 – La voleuse

Après une année 2020 qui lui a permis de mettre en lumière trois récits de types bien différents ( Les anges d’Auschwitz, Le lion de Judah et Olivier Page & les tueurs de temps), Stephen Desberg revient en force en ce début 2021 pour nous présenter une nouvelle aventure qui fleure bon l’historico-fantastique.

Au travers de son héroïne parisienne Linn et de ses aptitudes à détrousser son prochain, l’artiste, assurément bien inspiré, nous transporte dans une équipée qui a pour originalité de se décliner sur deux mondes parallèles, l’un correspondant au monde moderne que l’on connaît, l’autre représentant un univers historique qui n’a pas évolué comme le premier. Grâce à ce concept, le scénariste permet donc à Linn de faire une bascule extraordinaire en quête d’un bijou ayant un lien avec l’avènement du culte monothéiste égyptien d’Aton.

A n’en pas douter, Stephen Desberg joue réellement la surprise dans ce premier album qui devrait trouver sa suite et fin dans le prochain. A la faveur d’une entrée en matière anachronique très insolite et maléfique, l’artiste parvient avec adresse à resituer ses péripéties et à les faire se dérouler alternativement jusqu’à les faire se compléter judicieusement. Via Linn, nous assistons sur fonds de quête divine à une sorte de chasse au trésor endiablée, violente, associée à des courses-poursuite et à une invasion de créatures monstrueuses menées par un clergé . Dans ce conglomérat d’actions, de pensées intimistes au sein duquel se détachent quatre personnages essentiels (Linn, le chevalier Cerf et les énigmatiques Lamia et Worn), l’auteur nous interpelle généreusement, fait avancer à l’appui d’une pression féminine ensorceleuse son équipée extraordinaire à coup de rebondissements sporadiques sans pour autant tout lâcher d’un coup.

Pour s’être construit une excellente réputation avec des titres tels Célestin-Gobe-La-Lune, l’Assassin qu’elle mérite, La Brigade Verhoeven, Yannick Corboz peut se targuer d’avoir été associé à un projet qui a le privilège de faire éclater tout son talent. En effet, en animant Linn à travers ses pérégrinations multitemporelles, l’artiste fait preuve d’un travail remarquable, empli de modernité, de nervosité et de férocité, tout en dévoilant une recherche historique indéniable (surtout au niveau des décors). Ses personnages dont Lin et Lamia bénéficient d’une réelle féminité et demeurent un duo de choc et charme qui fonctionne bien et qui porte judicieusement l’histoire. Les autres protagonistes ont aussi droit au chapitre et viennent en quelque sorte contrebalancer l’équipée dont l’équilibre reste encore à trouver.

Une excellente ouverture d’un récit fantastique qui prend intelligemment ses bases sur deux époques contrastées et qui incite à découvrir au plus tôt le fin mot de cette quête acharnée.

Par Phibes, le 31 décembre 2020

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