MAÎTRES DES ÎLES (LES)
Martinique 1847

Au domaine Morne Folie de la famille Huc, l’inquiétude est au rendez-vous. Ce n’est pas pour la récolte de canne à sucre qui est déjà entreposée mais plutôt à cause de l’arrivée d’un cyclone qui l’oblige à renforcer la structure de la maison. Eliza ne peut s’empêcher de relancer son père sur la modernisation de l’exploitation qui devient primordiale. Mais son père décide de remettre la discussion à plus tard, préférant attendre que Charlot, son fils, soit de retour de la métropole. Lors d’une grosse bourrasque, les Huc et leur suite doivent quitter la maison. Ils se dirigent vers le caveau mais une nouvelle rafale les fait se séparer. A la suite des intempéries, ils ont à déplorer le décès de la grand-mère tandis que le grand-père est gravement blessé. De son lit, il apprend à Eliza qu’elle reste la seule apte à reprendre en main le domaine. Mais ce dernier ayant besoin d’être modernisé pour lutter contre la concurrence, de gros investissements sont nécessaires. Eliza, de son propre chef, va tenter de trouver le financement, tout d’abord auprès du Crédit colonial et puis, avec l’appui de son frère Charlot, auprès de son cousin richissime Paul Assier de Montferrier qu’elle s’engage à épouser contre financement de son projet.

Par phibes, le 9 avril 2020

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Notre avis sur MAÎTRES DES ÎLES (LES) #2 – Martinique 1847

Pour la deuxième fois, sous le couvert des mémoires d’Eliza, nous replongeons dans l’Histoire des Antilles françaises durant le 19ème siècle et plus précisément dans l’épopée vécue par la plantation de la famille Huc qui, ici, se prépare à vivre un moment inédit dans son histoire. Pour cela, Eliza Huc revient à nous plus rebelle que jamais, prête à tout pour moderniser son exploitation de cannes à sucre.

Cet épisode vient nous placer dans les tensions familiales que subit le Domaine de Morne Folie en son sein. En effet, entre le partisan de l’esclavage et refusant toute évolution sociale (tel le grand-père) et les adeptes de l’émancipation des autochtones noirs (tels Eliza et Charlot, son frère), les joutes verbales prennent des proportions conflictuelles très bien gérées par Stéphane Piatszek. Le récit qui se place dans les ambiances familiales des Maîtres de l’orge a tendance à nous affranchir sur les prémices de l’abolition de l’esclavage aux Antilles. Pareillement, il est l’occasion de nous démontrer que les structures qui ont fonctionné sous l’ancien système ne sont plus concurrentielles sauf améliorations notables.

Eliza incarne parfaitement, grâce à son effronterie et sa volonté sans limite d’avancer, le renouveau dont a besoin son exploitation. A cet égard, cette dernière porte judicieusement sur ses épaules cette équipée familiale qui bien sûr se veut grevée par des drames et par d’autres écueils (problèmes financiers entre autres…). On se plait ainsi à la suivre dans ses pérégrinations qui ont l’avantage, pour apparaître plus véridiques, d’être confortées par l’intervention de personnages illustres tel Pierre Pory Papy promis à une belle carrière politique.

Gilles Mezzomo reste dans cet univers graphique qui lui est propre et que l’on reconnaît facilement. D’un trait libéré, l’artiste assure une mise en images un soupçon épurée et suffisamment réaliste qui convient parfaitement à cette aventure historico-fictive. Le message passe donc sans aucun problème et apporte le plus qu’il faut au scénario.

Un deuxième volet pour une saga familiale toujours aussi bien orchestrée qui prend pour base historique l’abolition de l’esclavage, et qui se révèle dans ses moments non seulement de joie et d’émancipation mais également dans ses drames.

Par Phibes, le 9 avril 2020

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