Les idées fixes

Adrien est comme qui dirait l’idiot du village, un village portuaire. Gentil mais un peu fou, il entend des voix, possiblement les voix des disparus en mer. Adrien est le frère d’Achille, un ancien marin qui doit bien être le seul à lui accorder un peu d’importance. Achille n’est plus reparti en mer depuis qu’il a prêté son bateau, l’Agathe, à une famille de touristes. Cela fait vingt ans maintenant et ils ne sont jamais revenu. Vingt ans jour pour jour et Adrien continue de penser que l’Agathe reviendra, il en est certain. Alors il va se promener sur le port, s’assis et discute avec un petit garçon étonnament lucide, qui s’ennuie à mourir car il attend ses parents partis naviguer pour la journée.

Par Placido, le 30 avril 2014

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Notre avis sur Les idées fixes

Gabrielle Piquet signe là une œuvre singulière, qui nous emmène assez loin de là où on pourrait s’attendre à aller, loin des sentiers battus et des codes habituels de la BD.

Visuellement déjà : aucune case, nulle part. Les phylactères sont ouverts. En feuilletant, cela donne l’impression d’un carnet de croquis. Même si parfois quelques confusions du sens de lecture se font sentir, l’ensemble est facilement lisible et fluide.

Sur fond d’ambiance de petit port maritime, avec ses marins et ses légendes, nous allons sur le terrain de la folie, des croyances de gens, des « on dit » des gens et de la dureté de la vie. Franchement, vu comment la vie est merdique, avec ses guerres (celle d’Algérie pour Adrien), ses amours perdus, ses faux espoir… Ne vaut-il pas mieux perdre un peu la tête et vivre une vie « en décalage » bien plus agréable ? Ne plus se rendre tout à fait compte de la cruelle vérité et vivre apaisé ? Avoir un échappatoire où se réfugier quand ça va mal ? Gabrielle Piquet ne nous apporte pas de réponse franche (car il n’y en a probablement pas), mais Adrien semble être heureux ainsi.

Les diverses discussions et rencontres d’Adrien permettent à l’auteure d’exprimer son penchant littéraire et poétique et philosophique, avec des dialogues tout en finesse, qui s’entremêleront à des textes d’Erasme ou Hugo, et de vieilles chansons de marins…

Une BD plaisante.

Par Placido, le 30 avril 2014

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