GRANDS PEINTRES (LES)
Egon Schiele

En avril 1912, Egon Schiele peintre dénigré pour son immoralité artistique a été écroué provisoirement en la prison de Neulengbach en Autriche. En effet, ce dernier est soupçonné d’avoir violée l’un de ses modèles, une jeune fille âgée de 15 ans et est en attente de son jugement. Il reçoit la visite de ses amis Moa et Erwin qui, persuadés de son innocence, lui avouent que le juge Schmidt qui doit instruire son cas veut faire un exemple et qu’il se doit de s’attendre au pire. Aussi, souhaitant sortir Egon de cette embarrassante situation, les deux amis rencontrent son mentor Gustave Klimt qui reconnaît le talent de son élève au point de l’inviter à exposer prochainement dans plusieurs villes d’Europe. Et ce dernier n’est pas le seul à reconnaître le génie de l’artiste et à vouloir sa libération. L’écrivain Stefan Zwig, le médecin neurologue Sigmund Freud et l’industriel Lederer, tous trois fervents admirateur du peintre emprisonné, vont également tout tenter pour faire sortir celui-ci en s’intéressant de près aux activités particulières du juge chargé de l’affaire.

Par phibes, le 10 avril 2016

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Notre avis sur GRANDS PEINTRES (LES) # – Egon Schiele

La série concept dédiée aux grands peintres lancée en mars 2015 sous le couvert de la maison Glénat n’en finit pas de se développer et ce, grâce à la mobilisation d’un grand nombre d’artistes du 9ème art. Après Bosch, Courbet, David, Gauguin, Georges de la Tour, Goya, Jan Van Eck, Léonard de Vinci, Monet, Peter Bruegel, Toulouse-Lautrec, Van Gogh, c’est au tour d’Egon Schiele, peintre audacieux et anticonformiste autrichien qui heurta ses pairs et qui fascina d’autres (fin 19ème, début 20ème) de par son style extravagant avant-gardiste. L’évocation de ce personnage est confiée à nouveau à Dimitri Joannidès pour le scénario, historien de l’art et à l’origine de l’album sur Jan Van Eck.

Comme le veut le thème de cette série, le récit mis en avant n’a pas vocation à narrer toute l’existence (très courte certes puisqu’il est décédé à 28 ans) d’Egon Schiele mais à s’intéresser à un moment clé de sa vie. L’histoire se focalise donc sur la période durant laquelle l’artiste a été emprisonné pour soupçon de viol sur mineur et vient imaginer une petite intrigue autour de son procès.

Force est de constater que le scénariste connaît son sujet et nous le montre grassement dans le dossier annexe. La fiction qu’il nous offre se nourrit pleinement de l’univers intimiste et effervescent du peintre et nous en restitue quelques bribes de façon à camper le personnage dans toute son aura provocante et sa créativité via l’un de ses œuvres les plus célèbres Le Cardinal et la nonne. Inspiré par son maître Gustav Klimt, mal apprécié par les traditionnels, marqué par le suicide de son père, passionné de marionnettes, l’artiste se voit ici bénéficier de l’aide de partisans faisant partie de l’intelligentsia juive viennoise (Freud, Zweig) et de mécènes comme l’industriel Lederer. La constitution de ce front contre une atteinte à l’art permet d’alimenter le récit et de lui donner des élans revendicatifs intéressants, tout en nous amenant vers le verdict qu’on connait.

Pour le dessin, l’on retrouve Nicolas Sure dont on a pu apprécier le travail dans le tome 2 de la série Détectives. Sa mise en page est toujours aussi efficace et donne réellement l’impression de s’être imprégné de l’univers du peintre. Un tantinet anguleux, empreint d’une certaine modernité, son trait soigné offre une vision subtile de la destinée de Schiele (en particulier son incarcération), mêlant l’historique à l’onirique pour bien expliciter sa personnalité.

Un album remarquable, fortement explicite sur la destinée (très courte) d’un artiste précoce du 20ème au génie révolutionnaire mal apprécié de son temps et reconnu depuis.

Par Phibes, le 10 avril 2016

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