ENQUETES INSOLITES DES MAÎTRES DE L'ETRANGE (LES)
L'ange tombé du ciel

A proximité de la voie ferrée reliant Le Havre à Paris, le cadavre d’une jeune femme aux cheveux très courts a été découvert gisant dans la neige, sans aucune empreinte autour de lui. Manquant d’indices, la police semble patiner. Les médias se faisant les gorges chaudes de ce fait divers pour le moins mystérieux, le club des maîtres de l’étrange composé de vieux brisquards ne tarde pas à s’y intéresser. Pourtant en panne de succès, ces derniers se voient motivés par la nièce de l’un d’eux, Aglaée Aglaé, qui, prenant à bras-le-corps l’affaire, se lance dans une enquête pour le moins rebondissante.

 

Par phibes, le 23 décembre 2011

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Notre avis sur ENQUETES INSOLITES DES MAÎTRES DE L’ETRANGE (LES) #1 – L’ange tombé du ciel

Après avoir évoqué le peintre Gauguin et imaginé un pan de sa vie ilienne, Li-An remet le couvert en se lançant cette fois-ci dans une aventure policière à épisodes. Ayant choisi pour cadre historique les années folles (années 20), époque très prisée pour ce genre d’aventures, il met à profit son inventivité pour mettre en scène un club composé de personnes pour le moins vieillissantes dont les affaires dispensant un certain mystère semblent passionner. Considérant leurs méthodes archaïques et désuètes, les membres bénéficient d’un renfort inespéré en la personne d’Aglaée, suffragette patentée incarnant la modernité, la pétulance et la subtilité.

Ce premier épisode qui trouvera sa conclusion dans le prochain opus se veut une sorte de mélange délectable d’ambiances d’ASPIC (de Thierry Gloris et Jacques Lamontagne), d’Hercule Poirot (d’Agatha Christie), d’Adèle Blanc-Sec (de Tardi) et d’un zeste de King Kong. De par son titre évocateur, il nous plonge dans une première affaire liée à un crime au caractère étrange à laquelle va se greffer un détective en jupon très entreprenant. Fort de ce concept scénaristique qui peut ouvrir évidemment un éventail très larges d’aventures, Li-An nous intéresse à une intrigue qui vaut par son étrangeté tout en restant toutefois dans une certaine plausibilité.

Le parcours initiatique de la détective en herbe est des plus intéressants. Celui-ci se développe adroitement dans des circonvolutions actives très variées, mettant en avant des personnages à la psychologie travaillée (Aglaée, les membres du club, les gens du cirque…) et usant d’une légèreté due à la féminité débordante de son héroïne et à son opiniâtreté redoutable. Au fil de son enquête à étage, l’étau se resserre progressivement sur une énigme policière potentiellement convaincante aux arômes fantaisistes rafraichissants qui demande bien sûr à se préciser prochainement.

L’histoire contée fait corps avec le dessin tout en sympathie de Li-An. Ce dernier, s’inscrivant dans le style ligne-claire, anime son équipée d’un geste déjà éprouvé précédemment (Gauguin, Boule de suif, Le cycle de Tschaï …) et qui se veut bien représentatif. On perçoit dans son trait une certaine fantaisie, une grande générosité, mais aussi une quête d’un certain réalisme épuré charmeur. Ses personnages sont caractéristiques de leur époque et dans leur spécificité. En particulier, Aglaée, l’héroïne, se dévoile de par son effigie finement étudiée, dans une fraîcheur et une vivacité attendrissante qui sied aux péripéties.

Un premier essai au récit policier réussi, doté de bons rebondissements et saupoudré d’une fine couche de féminité émancipatrice des plus appétissantes. A suivre…

 

Par Phibes, le 23 décembre 2011

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