Les Deuxièmes

Un couple d’amants se retrouve le temps d’un week-end dans une villa au cœur d’une forêt néerlandaise. Prisonniers de la pluie, les deux jeunes gens s’enferment dans une même bulle émotionnelle et créatrice. Musiciens et épicuriens, ils vont vibrer ensemble pour le même morceau de musique et s’enivrer de leur désir. Entre sexe et jeu, ils iront jusqu’à inventer un langage à part, un code du coït ou une « partition du sexe » qui amènera à se rapprocher davantage.

Par geoffrey, le 26 septembre 2014

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Notre avis sur Les Deuxièmes

Musique et vie quotidienne, Zviane continue de dérouler son thème fétiche. Ici, elle loge un couple dans un environnement minimal et confortable pour mieux entrer dans leur intimité.

Elle décortique la relation particulière d’un couple illégitime – tous deux sont déjà engagés dans une autre relation – qui prend plaisir à se retrouver parfois. Chacun sait n’être que le « second couteau » de l’autre, ne compter qu’au deuxième plan. Mais la relation perdure tout de même depuis plusieurs années, devine-t-on. Les Deuxièmes, c’est aussi le mouvement musical de D. Milhaud qu’ils jouent ensemble au piano, comme ils partagent d’autres souvenirs, vibrent à l’unisson dans leur esprit, leur musique et leur corps.

Dans ses dessins, Zviane expose leur nudité sans pudeur. Les sexes ne sont pas cachés, ils font partie intégrante de l’acte d’amour et se trouvent naturellement montrés. Mais l’auteur ne s’égare ni dans le grivois, ni dans la pornographie décadente et déplacée. Elle conserve un recul tendre, presque biologique. Lorsque les amants entrent en résonnance dans un ballet sexuel orchestré, la nudité se découvre et comme deux danseurs qui s’ébattent sur scène, leur chorégraphie d’amour se déploie et prend son sens.

Avec intelligence, légèreté et une approche artistique indéniable, Zviane décrypte l’acte et invente sur partition un langage nouveau. Elle l’explicite d’ailleurs au début du livre : à chaque partie du corps correspond une ponctuation, à chaque position une note. Elle met littéralement le kamasutra en musique, prouvant qu’il est possible d’en jouer et d’en jouir.

Avec pareil travail et intuition, on comprend que Zviane cumule depuis la sortie de l’album les prix et autres distinctions, dont la dernière, le Joe Shuster Award du meilleur auteur, en septembre 2014.

Par Geoffrey, le 26 septembre 2014

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