Les derniers jours d'un immortel

Dans un monde futuriste où les différentes civilisations de l’univers cohabitent pacifiquement au sein de la « Communauté Universelle », Elijah est un membre éminent de la Police Philosophique chargée de résoudre les conflits entre espèces, la plupart du temps dûs à une méconnaissance de l’Autre. Les derniers jours d’un immortel nous conte une partie de son histoire…

Par melville, le 13 avril 2010

Notre avis sur Les derniers jours d’un immortel

Fabien Vehlmann est un auteur à l’univers riche et quelque part assez débridé. A travers ses albums, il aborde des genres très différents tout en cherchant à chaque fois à les transcender, à les dépasser pour y apporter une vision personnelle et surprendre le lecteur. Et encore une fois, avec la complicité de Gwen de Bonneval au dessin, Fabien Vehlmann remporte son pari haut la main et nous offre un très bel album qui vient compléter l’excellent catalogue des éditions Futuropolis.

Les derniers jours d’un immortel est un conte philosophique qui a pour décors un monde futuriste où la mort n’a plus vraiment de sens. Quand une personne est tuée, il reste toujours d’elle au moins un écho que l’on peut alors transformer en corps premier à la durée de vie infinie qui pourra à sont tour générer d’autres échos. Un même individu peut ainsi changer de corps comme bon lui semble, ainsi que se dédoubler et refusionner en un seul. Dans ce monde, les gens sont devenus immortels ; mais pour autant si leur vie est infinie, leur mémoire, elle, ne l’est pas…
L’histoire est celle d’Elijah, un membre reconnu et apprécié de la Police Philosophique. Mais son enquête n’est finalement qu’un prétexte pour justifier ses rencontres et par elles soulever un questionnement sur ce qui fonde l’humain, sur la mort, l’amour, l’amitié, le souvenir… Elijah est un personnage complexe, un peu marginal dans son monde et qui porte en lui tous ces questionnements. Et quoi de mieux qu’un univers de science-fiction où l’on peut être maître de ses propres limites pour développer de telles thématiques. Là où Fabien Vehlmann se démarque et nous surprend, c’est qu’il a réussi à créer un univers atypique, singulier, qui permet à la force, à la puissance du récit de s’exprimer pleinement.
L’atmosphère qui s’en dégage ne sera pas sans rappeler au cinéphile celle de l’excellent Bienvenue à Gattaca d’Andrew Niccol, crépusculaire et surannée. SF aux accents vintages inspirés des années 60, elle apporte l’aisance qu’avait besoin le récit et lui offre ainsi une grande crédibilité. Le dessin doux et épuré de Gwen de Bonneval, tout dans les tons de gris, instaure avec élégance cette atmosphère. On se laisse entièrement glisser dans cet univers sensuel et on ressent très vite une sensation d’intimité, de proximité avec le personnage d’Elijah – ressenti très agréable et encore un peu plus accentué par un lettrage à la main.

Envoûtant, plein de subtilités et passionnant, Les derniers jours d’un immortel est un album à vraiment ne pas manquer. Indispensable pour tous les amateurs de SF « intelligente » et originale ; et chaleureusement recommandé à tous les autres. Une bonne bédéthèque ne peut souffrir de son absence… A lire et à relire !

Par melville, le 13 avril 2010

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