DAMNES DE LA COMMUNE (LES)
A la recherche de Lavalette

 
Découvrant qu’une personne célèbre a vécu dans son immeuble bien des années plus tôt, notre narrateur va mener l’enquête pour en savoir plus… Ses recherches le conduiront à consulter des archives et des journaux d’époque, jusqu’à le pousser dans cette période de l’Histoire de Paris qu’on appelle "la Commune", au contact de personnages qui vivent les événements au jour le jour.
 

Par sylvestre, le 15 janvier 2018

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Notre avis sur DAMNES DE LA COMMUNE (LES) #1 – A la recherche de Lavalette

 
Ce n’est pas exactement comme du roman photo, ce n’est pas non plus exactement du collage : c’est de la bande dessinée, mais de la bande dessinée réalisée à partir de visuels existants qui ont été choisis en provenance de diverses sources puis recadrés pour les besoins du récit. Il n’y a pas trop de place pour la fantaisie au niveau des couleurs, les extraits provenant quasiment tous de gravures anciennes. Les traits sont donc exclusivement noirs, posés sur un fond blanc écru voulant sans doute rappeler la couleur du papier journal sur lequel ces gravures auraient été imprimées à l’origine. Et ce sont les "niveaux de zoom" qui densifient ou non ces traits et qui donnent plus ou moins de finesse ou d’épaisseur aux dessins.

Quand il s’agit de vues générales ou de bâtiments vus d’assez loin, l’exercice de reproduction ne semble pas difficile ; si tant est que l’auteur a trouvé un angle satisfaisant. Lorsqu’il y a des dialogues, ça se corse un peu et c’est le jeu des zooms ou des cadrages qui compte. On s’amusera souvent, a ucours de la lecture, à retrouver dans une vue générale un personnage sur lequel un zoom est ensuite fait, par exemple. On observera aussi la manière de choisir les personnages dans une foule quand le récit suit une conversation : parfois on voit des recadrages de mêmes personnages, parfois ce sont des "body double" qui seront élus, pour autant qu’ils aient les mêmes attributs (moustache, couvre-chef, etc…) que le personnage suivi… Ainsi cette bande dessinée est une réalisation technique pour laquelle il a fallu beaucoup de "documentation" et pour laquelle un gros travail d’organisation a dû être fourni.

Niveau narration, c’est à l’occasion un peu déroutant. Au point qu’on se pose parfois la question : "Mais, euh… Notre voix off est-elle contemporaine aux gravures illustrant le propos ou bien est-elle de notre vingt-et-unième siècle ?" L’auteur Raphaël Meyssan semble jouer dès les premières lignes sur la frontière floue qui existerait entre "ses narrateurs". Avec celui du présent qui devient un narrateur vivant aussi pendant la Commune de par ses recherches… Un coup il évoque internet, un coup il parle de la conversation qu’il a eue avec Victorine, à la fin du XIXème siècle… Une deuxième lecture s’imposera pour maîtriser tout cela : une fois domptés les "codes" des textes dont les couleurs et les typographies ont leur importance, la lecture n’en sera, vous le verrez, que plus palpitante…

Ce premier tome des Damnés de la Commune est un remarquable exercice de style où la manière de faire l’emporterait presque sur le sujet lui-même mais où le récit est forcément d’intérêt puisqu’il est pédagogique. C’est une lecture qui s’apparente à un jeu visuel en plus d’être une lecture historique vraiment intéressante !
 

Par Sylvestre, le 15 janvier 2018

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