COMPAGNONS DU CRÉPUSCULE (LES)
Le sortilège du bois des brumes

Alors que la Guerre de cent ans fait rage et qu’elle étend son aura maléfique jusqu’au plus profond des campagnes, la jeune Mariotte, brimée par ses compagnons de même âge, se doit de quitter le giron familial suite à une tragédie dont elle est à l’origine. Elle rejoint l’Anicet qui, par force, accompagne lui-même un chevalier meurtri physiquement et en quête d’actions rédemptrices. Ensemble, ils atteignent un bois à l’épaisse frondaison et perdent leur chemin. C’est en ces lieux lugubres et malaisés qu’ils rencontrent d’étonnants lutins qui, à l’occasion d’un marché poussent le chevalier à chasser une bête malfaisante. Rêves ou réalités, telle est la question ?
 

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur COMPAGNONS DU CRÉPUSCULE (LES) #1 – Le sortilège du bois des brumes

A la manière d’un conte historico-fantastique, François Bourgeon se lance dans une aventure originale menée par un équipage des plus atypiques. Constitué d’une jouvencelle dénigrée, d’un jeune paysan brailleur et d’un chevalier déchu, ce trio composite marche vers une destinée insoupçonnée, sans aucune autre volonté que celle d’aller de l’avant, "aux frontières du monde".

Ce récit qui, à l’heure de la présente fiche, affiche au compteur un quart de siècle d’existence, conserve son côté on ne peut plus enchanteur et se décompose au travers d’un road-movie historique qui brille par son originalité. Il met en évidence des personnages qui incarnent quelque peu l’archétype de l’anti-héros, se cachant derrière des caractères et des faits peu héroïques. Mariotte, petite paysanne délurée et repoussée, l’Anicet, individu bougon et contraint, personnifient la jeunesse frivole face à la maturité amère du seul adulte du groupe, le chevalier.

Par ailleurs, l’univers qui se développe à nos yeux, tend à prendre une direction onirique grâce à la rencontre de la communauté des lutins de la forêt des brumes. De fait, le récit prend des allures fantastiques, dignes des légendes celtiques corroborées par le concept innovant de guerre des forces (noire, rouge et blanche).

François Bourgeon enjolive l’aspect moyenâgeux de ses péripéties en utilisant les termes qui conviennent, propres à une époque révolue, dans une sorte de verbiage fantaisiste bien tourné, simple et quelque peu rustre.

Au niveau pictural, l’auteur fait état d’une force graphique qui a certes évolué depuis "Brunette et Colin" et "Les passagers du vent" mais qui demeure dans un registre réaliste affriolant. Utilisant à bon escient les zones d’ombre, il peut faire également étalage de son talent dans des plans lumineux. Ses personnages possèdent une expressivité bien maîtrisée, s’étalant sur un zeste de sensualité féminine bien accrocheur.

Ce premier opus constitue une belle ouverture d’une saga aux entournures envoûtantes à lire et à relire sans retenue.
 

Par Phibes, le 3 juin 2009

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