Les chambres du cerveau

Un homme se rend le soir de la veille de Noël chez un antiquaire à qui il a l’habitude de revendre des objets volés. Mais ce soir, c’est pour acheter qu’il est venu, ou tout du moins c’est ce qu’il prétend avant de poignarder l’antiquaire. Le meurtre accompli les véritables intentions de Markheim se révèlent, mais c’était sans compter sur sa conscience qui se réveille et vient le hanter dans ce moment délicat…

Par melville, le 15 juin 2010

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2 avis sur Les chambres du cerveau

Un peu plus de deux après son premier album L’homme qui s’évada, Laurent Maffre – dont le métier est professeur de design – réalise pour son plaisir et aussi pour le notre sa deuxième bande dessinée qui encore une fois est une grande réussite !

Laurent Maffre s’inscrit dans la veine de ces auteurs qui ancrent leurs réalisations au cœur même d’une démarche artistique et il nous offre avec Les chambres du cerveau un livre atypique qui participe à la prise de conscience que la bande dessinée est un art à part entière et qu’elle peut offrir beaucoup plus que des formats stéréotypés.

Adaptée de la nouvelle Markheim de Robert Louis Stevenson où l’auteur sonde les profondeur de l’âme humaine, explore le domaine de la psyché, de l’ « inconscient » et le poids du remord, de ce « sur-moi » qui soudain se réveille et mécontent de s’être fait berné, torture l’esprit qui l’a créer dans le but de réintégrer son rôle de garde-fou, d’égérie moralisatrice, de conscience. Dès lors, s’engage un duel sans merci entre les deux partis, un duel à mort pour la contrôle de l’être : un jeu dangereux où le seul véritable perdant est l’homme à qui appartient cet esprit malade et tourmenté et que cette joute infernale conduira tout droit vers les abîmes de la folie.
Avec Les chambres du cerveau, Laurent Maffre met en scène le texte de Stevenson, par son dessin et le découpage astucieux de ses planches, il donne une autre dimension à cette nouvelle tout en réussissant à garder l’essence même de l’œuvre : époustouflant. Et il est également amusant de voir toutes les références faisant appellent aussi bien à la peinture, à la littérature, qu’au cinéma, que l’auteur prend plaisir à cacher ça et là tout au long de son récit.

Ce qui interpelle immédiatement, avant même de feuilleter l’album, c’est son format plus grand que de coutume. Par ce choix, l’auteur s’octroie en quelque sorte l’aisance dont il avait besoin pour raconter son histoire. Pages après pages, Laurent Maffre s’amuse avec les codes et n’hésite pas à les bouleverser par une mise en scène assez libre dont le but est de saisir au plus juste à chaque plan l’émotion ressentit par Markheim.
Et puis ensuite vient le dessin qui avec son aspect « charbonneux » instaure quasiment à lui seul l’atmosphère pesante, oppressante de ce huis clos. C’est le noir qui domine, qui structure l’ensemble du dessin, le blanc n’apparait que pour marquer les petites touches de lumière d’une bougie ou du jour qui se fraye un chemin à travers les persiennes, et pour appuyer et faire ressortir les jeux d’ombres. Le trait est vif, acérer et expressif, il transmet avec justesse la souffrance, l’égarement, l’effroi, la folie de Markheim.

Les chambres du cerveau est une bande dessinée atypique qui renferme une personnalité forte fruit d’une démarche réfléchie de la part de son auteur Laurent Maffre. Un vrai bonheur de lecture pour tous bédéphiles et amateurs de Robert Louis Stevenson. Une lecture dont il serait dommage de se priver.

Par melville, le 15 juin 2010

Il m’est assez rare d’acheter une BD sans avoir la moindre idée de ce qu’il y a dedans. Et généralement quand cela m’arrive, c’est que j’ai suivi aveuglement les conseils de mon libraire. Pourtant, je n’ai pas hésité une seule seconde en voyant la couverture des Chambres du Cerveau noyée au beau milieu des stands du festival d’Amiens.

Il n’y a pas eu de déception. C’est vraiment une BD extraordinaire ! Oui, extraordinaire au sens premier du terme. On se croirait aisément dans une des histoires (extraordinaires également) d’Egar Poe. De par l’ambiance, sombre et macabre et de par le personnage tourmenté, rongé par ses dialogues intérieurs oscillants entre bonne conscience et immoralité démente. Mais il s’agit bien là d’une adaptation d’une nouvelle de Robert Louis Stevenson, faisant le grand écart avec L’île au Trésor. Et Laurent Maffre de retranscrire à merveille cette perle noire.

C’est une histoire très courte, une nouvelle. Et la difficulté de rendre les choses intenses est bien là. Mais le pari est amplement réussi ! L’ambiance pesante avec ce dessin très noir au fusain, l’ombre du personnage qui le harcèle sans relâche et le visage de ce dernier empli de terreur et de folie, notamment lorsqu’il a ses visions mortuaires. Tout est extrêmement bien rendu, le très grand format du livre offre une liberté bien exploité par l’auteur, expérimentant des découpages audacieux selon les actes et situations du personnage. Le texte aussi joue un rôle primordial : d’une grande justesse et d’une grande classe !

Une réussite totale !

Par Placido, le 15 juin 2010

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