CARNETS DE JOANN SFAR (LES)
Missionnaire

 
Puisque c’est à la mode, puisqu’il noircit des carnets de dessins au cours de ses voyages, et puisque comme ces carnets existent et bien autant les faire publier, Joann Sfar nous raconte (principalement) avec ce titre son séjour au pays du soleil levant en 2005 et son séjour aux Etats-Unis l’année d’après. Avec un humour adoucissant l’agressivité qu’on pourrait parfois attribuer à certains de ses propos ou avec la grande humilité de celui qui sait quand c’est lui le plus petit, l’auteur nous amuse, nous explique des choses et nous permet de mieux connaître certaines de ses facettes.
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur CARNETS DE JOANN SFAR (LES) #7 – Missionnaire

 
Les premières planches de ce septième carnet de Joann Sfar ne nous sont pas inconnues puisqu’on les avait découvertes en noir et blanc dans le collectif Japon de la collection Ecritures, chez Casterman ("Le Tokyo de Oualtérou"). Et celles qui suivent, avec le même humour corrosif, nous font découvrir le Japon que l’auteur a visité accompagné par une pelletée d’amis ayant leurs quartiers là-bas ou y étant, comme lui, de passage. Ça, c’est avant de nous faire partir, à partir de la page 125, pour les Etats-Unis où il se rendait notamment pour travailler sur un projet relatif au pogrom de Kishinev (Chisinau, Moldavie)…

Ce deuxième volume paraissant dans la collection Shampooing de chez Delcourt (les 5 premiers étant parus dans la collection Côtelette des éditions L’Association) a gardé l’atout principal (à mes yeux) qui fait qu’on aime les réalisations de Joann Sfar : la spontanéité. Cette spontanéité, on la retrouve dans les textes, parfois hilarants, et aussi dans les dessins qui, s’ils sont pour la plupart de facture relativement grossière, ont une véritable force : certains sont réalisés plus finement que d’autres qui sont carrément jetés sur le papier. Cette hétérogénéité donne à ces récits de voyages le style "je note tout vite dans un coin pour ne rien oublier".

Deux carnets de dessins clôturent l’ouvrage. Rapportés plus tôt que les autres d’Ecosse et du Maroc, ils nous invitent jusque dans le cercle familial de Joann Sfar. Mais ils ne font pas la quintessence du bouquin qui nous intéresse plus par ces deux grosses parties distinctes : Japon et Etats-Unis.

Ces deux parties, en plus d’être distinctes sur le papier – l’une après l’autre, c’est (chrono)logique – le sont également dans le style de narration. On pourra être très agacé par ce côté hautain qu’ont l’auteur et ses amis par rapport aux lecteurs : c’est légèrement râlant de les voir, ces auteurs, entre eux, se congratuler et se susurrer entre eux qu’ils ont du talent, qu’ils sont ceux qui ont compris le Japon et que les autres c’est des cons, etc… Heureusement, ce chapitre Japon est aussi plus rigolard que la suite, et c’est bon pour les zygomatiques.

La partie Etats-Unis est beaucoup plus introvertie, avec beaucoup plus de textes ne laissant que quelques centimètres carrés aux dessins. Parti aux Steïtse avec un cahier des charges et un planning précis, l’auteur ne va pas s’y tenir et va bifurquer sur sa découverte de l’auteur Alexandre Dumas et donc sur tout ce que ça lui inspire, ce qui ne manque pas de faire partir Missionnaire sur des tas d’autres sujets sur lesquels Sfar s’ouvre, se confie.

De beaux souvenirs pour Joann Sfar. La chance pour nous de le découvrir encore un peu plus.
 

Par Sylvestre, le 2 août 2007

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