CARNETS DE DARWIN (LES)
L'oeil des Celtes

Dans le Yorkshire, région du nord est de l’Angleterre, aux alentours de 1860, une voie ferrée est en construction. Une nuit, un des chantiers est le théâtre d’un drame effroyable. Deux chevaux sont tués, en partie dévorés et deux hommes sont retrouvés, morts, mutilés par quelque chose de suffisamment puissant pour laisser de grandes traces de griffes sur les corps mutilés, la chair largement entamée et les os brisés.
Il n’en faut pas plus pour que ressurgisse dans cette région la légende des griffus.

Par olivier, le 21 février 2010

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Notre avis sur CARNETS DE DARWIN (LES) #1 – L’oeil des Celtes

Charles Darwin, qui vient de publier L’Origine des espèces, est sollicité par le premier ministre anglais, Lord Palmerston pour tenter d’élucider le mystère de cette atrocité qui bloque le chantier depuis que les ouvriers se sont mis en grève et compromet l’entreprise où son excellent ami Howard Dickinson a investi.
Les pistes sont nombreuses pour un esprit ouvert comme celui de Darwin : grand prédateur, attaque d’un concurrent malveillant.
Mais les esprits s’échauffent dans une région où l’ignorance et les superstitions ont tôt fait d’échafauder des hypothèses et de désigner à la vindicte populaire les marginaux ou des créatures plus diaboliques.
Fasciné par ces créatures nommées griffus, loups garous ou Almastys Darwin va accepter la mission qu’il devra mener avec Suzanne, la fille de Dickinson, jeune femme cultivée, à l’esprit éveillé et piquant que ne rebute pas la vision de cadavres éventrés.
En proie à ses propres démons, Charles devra s’efforcer de garder la tête froide et l’esprit éveillé pour que ses facultés d’observation et d’analyse puissent arrêter d’une manière ou d’une autre le responsable de cette atrocité et permettre au chantier de reprendre le plus rapidement possible.
Le scénariste Sylvain Runberg a composé un thriller fantastique où l’on retrouve les ingrédients qui font le succès du genre, meurtres violents, présence angoissante d’un lieu où pourrait se cacher n’importe quoi, croyances populaires et ignorance sur lesquelles prospèrent les terreurs ordinaires.
Mais l’idée de faire appel à Charles Darwin pour le lancer dans cette enquête hors du commun, le propulser en Sherlock Holmes naturaliste est plus qu’attrayante et donne à ce premier tome où les éléments se mettent très rapidement en place une inspiration qui ne sent pas le ressassé.
Le dessinateur Eduardo Ocana qui avait déjà collaboré avec Runberg sur le tome 7 de Kookaburra Universe a parfaitement su adapter son dessin, fin et élégant à l’époque victorienne.
Il nous offre des personnages réalistes soigneusement mis en scène dans des décors non moins représentatifs d’une Angleterre partagée entre modernisme et affabulations populaires.
Mais la force d’Ocana est aussi dans la suggestion. Faire ressentir au lecteur que quelque part à la lisière de cette forêt quelque chose observe, tapi dans l’ombre. Puis viens le mouvement de ce prédateur, rapide, à la limite du regard humain, de ces soldats et de ces ouvriers qui ressentent une présence mais ne peuvent l’identifier.
Il est aidé en cela par le coloriste Tariq Bellaoui qui excelle à créer des ambiances oppressantes dans de grandes cases ouvertes sur un paysage de forêt profonde qu’il ne faut peut-être pas profaner, à moins que l’explication de ces crimes ne soit ailleurs…

Par Olivier, le 21 février 2010

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