AVENTURES EXTRAORDINAIRES D'ADELE BLANC-SEC (LES)
Le mystère des profondeurs

A la fin mars 1922, alors qu’on annonce à la une de l’Intransigeant la libération du "dentiste", canaille patentée ayant purgé sa peine, une échauffourée nocturne entre bandits fait une victime et met en émoi la gente policière y compris le "coupe-joie" Laumanne et son second Stygmates. Curieusement, cette nuit-là, Adèle Blanc-Sec se plaint du mal aux dents et doit impérativement se faire soigner. Au matin, elle reçoit une lettre de Chalazion qui lui demande impérativement son aide. Pour compléter le tableau du jour, lors d’une visite à son éditeur, elle apprend qu’Honoré Fia, son illustrateur a disparu. Enfin, se rendant au domicile de Brindavoine, elle tombe d’abord sur Georgette Chevillard qui recherche son mari disparu, puis sur le détective Flageolet et sur un curieux homme en noir qui zozote à la main un peu lourde. Bigre, cette mystérieuse affaire à laquelle est confrontée Adèle semble atteindre une profondeur abyssale baignée par la chanson de Craonne à la flûte traversière et emplie d’une population proliférante de limules !

Par phibes, le 1 janvier 2001

Notre avis sur AVENTURES EXTRAORDINAIRES D’ADELE BLANC-SEC (LES) #8 – Le mystère des profondeurs

Il était prévu que Chalazion revienne dans les aventures d’Adèle Blanc-Sec. Eh bien voilà, c’est chose faite et, avec lui, survient une nouvelle affaire, celle de la disparition d’Honoré Fia. Mais, en filigrane, une autre intrigue vient s’associer à cette dernière, celle de la sortie de taule du"dentiste".

Jacques Tardi qui a fait ses preuves dans des récits purement policiers tels, entre autres, l’album "Der de der" ou la série adaptée "Nestor Burma", se distingue, ici, dans sa série "Les aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec", par son univers parodique, invraisemblable d’un Paris des années 20. Sans pour autant transformer son héroïne en limier hors pair, il l’immerge dans des récits parallèles multipistes, aux rebondissements certes souvent rocambolesques mais d’un humour croustillant.

A cet égard, l’on savourera les interventions burlesques du fameux "dentiste" à l’effigie bien explicite qui fomente une vendetta des plus risibles. Pareillement, on se gaussera du chapeau ridicule d’Adèle, de l’inefficacité de la police représentée par un Commissaire Laumanne à côté de ses pompes, maniant son coupe-cigare d’une manière imbécile et perdu dans le décryptage d’un rébus. De même, la finesse lourdaude du duo Brindavoine/Chalazion ne nous échappera pas et l’apparition de la tueuse masquée boudinée donnera du piquant. Enfin, le poète amoureux Fia et son air anti-militariste de Craonne entouré de limules mélomanes finalisera la toile cocasse peinte par l’auteur qui ne manquera pas d’interloquer le lecteur.

En terme de peinture, Jacques Tardi sait manier à la perfection le crayon et le fait d’une manière simple mais efficace tel un dentiste aguerri maniant la roulette. Les personnages qui interviennent dans sa fiction sont représentatifs d’une époque historiquement bien décrite. Si ce n’est dans leur manière de faire qui est caricaturale, l’on pourrait être subjugué par leurs déambulations parisiennes d’après guerre bien réalistes.

"Le mystère des profondeurs" est taillé dans la même veine que les précédents tomes, bien appréciable et fantasque à souhait, et peut se mettre sous la dent sans crainte de carie.
 

Par Phibes, le 13 avril 2009

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