AIGLES DECAPITEES (LES)
L'ambassadeur

En juillet 1280, Sygwald de Crozenc a été nommé par le roi Charles d’Anjou Capitaine justicier et par cette haute fonction est devenu son plus haut représentant à Rome. C’est en ces lieux de grande beauté qu’il a invité à venir passer quelques temps sa sœur Mahaut et son fils Hugues qu’il désire connaître. Tandis que cette dernière et son jeune fils se sont mis en chemin avec trois autres compagnons, Sygwald se doit de régler la condamnation abusive de son ami kabbaliste Abraham Aboulafia par le Pape Nicolas III. Pour cela, il a pris rendez-vous avec celui-ci pour négocier la diminution des impôts versés par l’église au Royaume en échange de la liberté de son ami. Malheureusement, l’audience ne se passe pas comme prévue, Sygwald obtenant une fin de non-recevoir si brutale que le Pontife en ressort très affaibli. Cet état physique diminué n’est pas pour déplaire à son neveu le Cardinal Matteo Orsini qui lorgne sur sa succession. Pendant ce temps, Mahaut et ses compagnons on rejoint la caravane du Cardinal Simon de Brie qui se rend lui-aussi à Rome pour rencontrer Nicolas III. C’est en arrivant sur place qu’ils apprennent que le Pape est mort. Autant dire que Sygwald va devoir interférer dans la succession qui s’annonce pour éviter une manœuvre illicite à laquelle son petit neveu va être associé.

Par phibes, le 2 décembre 2020

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Notre avis sur AIGLES DECAPITEES (LES) #30 – L’ambassadeur

Depuis que ses parents sont décédés (voir les tomes précédents), le chevalier Sygwald de Crozenc porte à lui tout seul la saga des Aigles Décapitées, certes associé à sa sœur Mahaut qu’il a su sauver dernièrement du bûcher. Nous les retrouvons donc tous les deux dans les meilleures dispositions puisqu’ils sont appelés à se revoir mais c’est sans compter sur un nouveau coup du sort qui va les lier directement à l’élection du successeur de Nicolas III.

Ce trentième tome sonne la fin de la saga comme l’indique l’estampille figurant sur le premier de couverture. Michel Pierret qui assure depuis le 19ème épisode l’intégralité de ces aventures médiévales termine cette longue équipée classique avec un réel panache assisté pour cette occasion de Robert Neys. Tout en se calant comme à son habitude à l’Histoire avec des personnages ayant existé (nous sommes au 13ème siècle), il parvient à partir d’un cadre de base à nous intéresser à sa fiction liée aux Crozenc et nous faire vivre ici un récit à rebondissements.

Dans un découpage bien dynamique, l’auteur fait en sorte de jouer sur plusieurs fronts. Entre le voyage de Mahaut, les pérégrinations romaines de Sygwald, les intrigues autour de Nicolas III et les déconvenues du petit Hugues, on ne manquera pas de vivre ces séquences dans une densité, un rythme et une articulation très profitables pour ce tome. Les péripéties, même si elles sont pour le moins conventionnelles se veulent parfaitement menées par un artiste qui parvient à donner une vision bien précise de l’époque traitée.

Pareillement pour le graphisme, Michel Pierret force le respect quant à la restitution historique de cette épopée. Assurément inscrite dans le genre proche de la ligne-claire, l’artiste conforte un travail solide, rigoureux et documenté à n’en pas douter. On en veut pour preuve les superbes décors qu’il met en avant sur Rome et sur les extérieurs, sur les fortifications de cette époque, tout comme les intérieurs avec ces belles tapisseries. Idem pour les personnages qui paraissent dans leurs armures, leurs tenues vestimentaires diverses, restitués dans une précision remarquable. A noter que l’intervention aux couleurs de David Caryn permet à Michel Pierret d’avoir un relief plus conséquent que d’accoutumée.

Un très bon album qui finalise avec brio une série culte certes classique mais d’une belle qualité générale. Les adeptes en seront peinés !

Par Phibes, le 2 décembre 2020

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