Leçons coloniales

 
Marie Delmas, jeune institutrice, a débarqué en Algérie au début de l’année 1945 pour prendre son poste dans la ville de Sétif. Sa vocation était forte, et son désir d’enseigner ne lui faisait pas faire de différence entre ses élèves. Aussi, pour elle, il était tout naturel de mettre en application un décret publié l’année précédente qui mettait en Algérie française tous les enfants sur un pied d’égalité devant la scolarisation, qu’ils soient musulmans ou non… Mais les parents d’élèves colons Pieds Noirs ne l’entendaient pas de cette oreille et bientôt, ils retirèrent leurs enfants de la classe…
 

Par sylvestre, le 21 avril 2012

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Notre avis sur Leçons coloniales

 
La République était Une, bien sûr, d’autant plus que se profilait la victoire sur l’Allemagne nazie ! Mais certains colons français d’Algérie étaient semble-t-il (lorsque ça allait à l’encontre de leurs petites habitudes) plutôt prompts à défendre leurs spécificités et leurs privilèges. En effet, profiter de leur statut, de leur rang, de leurs pouvoirs ou de leurs richesses dans cette partie de la France qu’était devenue l’Algérie ne leur posait pas de problème, mais entendre de Paris, fin 1944, que les Algériens étaient des Français à part entière et que, par le fait, les enfants de ces derniers avaient droit à la même scolarisation que leurs rejetons passait beaucoup moins bien…

En cette année fêtant le cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, plusieurs BD sont parues qui traitent de l’histoire de ce pays, et notamment de cette histoire commune qu’ont l’Algérie et la France. Avec cette bande dessinée Leçons coloniales, Azouz Begag rembobine l’Histoire jusque bien avant 1962 – en 1945 – et pointe du doigt ces malaises qui déjà empêchaient colons et autochtones de vivre dans une confiance mutuelle et de construire un avenir "à égalité".

En dépêchant sur place son héroïne Marie, une femme plutôt motivée par son devoir d’enseignante qu’intéressée par la question politique, le scénariste propose au lecteur une approche intéressante, à la croisée entre les discours des colons dans ce qu’ils ont de plus colonialistes dans le sens péjoratif du terme, ceux des Pieds Noirs plus modérés, ceux des Algériens "obtempérant" et ceux des Algériens indépendantistes. En faisant de la classe de Marie un carrefour des façons de penser et d’agir des uns et des autres, il résume une situation de tension jusqu’à nous amener aux fameux massacres de Sétif du 8 mai 1945.

C’est Djillali Defali qui signe les dessins, secondé par trois coloristes. Avec un trait parfois un peu imprécis, il relève cependant le défi de belle manière tout au long des 70 planches de cet album ; un album qui nous dispense par le biais de la fiction une leçon d’Histoire mêlant parfums d’amertume et d’espoir.
 

Par Sylvestre, le 21 avril 2012

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