Black Dossier

Derniers rescapés du "Murray’s group" Allan Quaterman et Mina Murray sont envoyés en Angleterre pour retrouver le mystérieux Black Dossier, un étrange recueil qui relate tous les secrets des différentes League of Extraordinary Gentlemen. Seulement voilà, ils vont devoir dorénavant fuir les agents envoyés par le Big Brother…

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Black Dossier

Le principe des projets League Of Extraordinary Gentlemen est assez simple, cela consiste à rassembler dans un même univers tous les personnages fictionnels venant des romans, du cinéma, des pulps ou de la télévision. C’est ainsi que dans cet album nous retrouvons Allan Quaterman et Mina Murray (la fiancé de Dracula) poursuivis par James Bond et Miss Peel (de Chapeau Melon et Bottes de cuir), deux agents de Big Brother (de 1984), ils vont retrouver Fanny Hill, Glorianna et Orlando, on pourra ainsi croiser dans un coin Winny, Oui Oui, the Fly (héros de comics des années 70), l’homme mouche (personnage créé par Richard Masterson), Gulliver etc. Ce concept permet ainsi une multitude de possibilités, de croisements et Moore prend un évident plaisir à justement explorer ces multiples références.
Dans ce tome, il axe son intrigue sur l’histoire de l’espionnage dans la fiction, c’est parfois assez complexe à suivre mais c’est aussi une véritable mine d’information sur l’histoire des LOEG, de ses différentes incarnations, des guerres d’influence avec ces personnages qui ont parcouru ce monde de la fiction en influent sur leur époque, par exemple c’est génial d’apprendre qu’Orlando (Le héros de Virginia Woolf qui pouvait devenir homme ou femme) serait en fait l’enfant de Tiresias le devin mythique grec, qu’il serait ensuite devenu immortel et aurait traversé les siècles en devenant le valheureux Roland ou encore Mona Lisa… Bref, Moore s’amuse et c’est passionnant. Par contre le véritable bémol avec cet album c’est son aspect ultra référencé, à tel point qu’il faut s’adjoindre, quelque fois, l’aide d’une annexe (trouvable sur le net à cette adresse) pour ne serait ce que saisir ce qu’un détail crucial signifie? Ce qui donne une lecture qui s’alourdit parfois car ces détails, insignifiants la plupart du temps, deviennent à quelques occasions très importants pour la suite des évènements. Ainsi, si on ne se documente pas un minimum, on ne sait pas qui est ce petit bonhomme noir à la fin de l’histoire, on ne saisit pas non plus les ressorts qui soutiennent ce réseau de service secret, mais surtout, on passe à côté d’un pan majeur du travail de Moore dans cet album, tout ce côté documenté, de croisement de référence, de construction, tout ce qui donne du piment au récit en fin de compte car finalement l’intrigue de base est assez basique, ce qui l’est moins c’est justement cette forme qui transcende beaucoup de passages.
Car, progressivement, Moore devient de plus en plus un formaliste virtuose qui travaille sa matière en ciselant le moindre détail, en modelant l’aspect, les formes narratives, les styles en fonction d’une époque, d’un genre ou d’une ambiance, c’est magnifique. Ici, on a droit à des pastiches de strips, de vieux pulps, de pièces de théatre, de contes érotiques (la nouvelle marotte de Moore en ce moment), allant même jusqu’à conclure son album par des pages en 3D (lunettes spéciales fournies avec l’album). Ce Black Dossier est donc une véritable immersion dans toute la richesse que la BD peut encore offrir, un sublime hommage à ces milliards de pages qui nous ont fasciné !
Je ne pourrais que vous encourager à découvrir cet album, tout du moins en espérant qu’un jour il sera traduit en france !!!

Par FredGri, le 25 juin 2008

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