Une enquête de l'Ecluse et la Bloseille

En cette année 1912, Paname est en émoi depuis qu’un tueur en série fait son office sanglant en son sein. Sous la pression du ministre de l’Intérieur Caillaux qui exige un dénouement rapide, le patron du 36 Quai des Orfèvres a réuni tout son staff afin de faire le point sur cette affaire et pour les inviter à se concentrer uniquement sur celle-ci. C’est à ce moment-là que débarque Pierre Caillaux, fils du ministre et nouvelle recrue de la police qui, compte tenu de son statut de bleusaille, se voit renvoyé à la cave rejoindre le fameux l’Ecluse, inspecteur porté sur la vinasse. Ecartés tous les deux de l’affaire qui ébranle la Capitale, ils se voient relégués à enquêter sur l’assassinat par décapitation d’un caviste à Bercy. Autant dire que c’est du cousu main pour l’Ecluse qui voit là l’occasion de se mouvoir dans un milieu qu’il connaît particulièrement bien. Pendant ce temps, le tueur en série a fait une nouvelle victime. Les deux inspecteurs sont alors invités enfin à participer à l’enquête. Peut-être auront-ils plus de chance que leurs collègues pour mettre hors d’état de nuire l’assassin ?

Par phibes, le 3 février 2018

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Notre avis sur Une enquête de l’Ecluse et la Bloseille

Pour son premier album grand public, Frédéric Bagères a pris le parti de nous entraîner dans les ambiances parisiennes du début du 20ème siècle et de nous associer à une double enquête policière aux accents burlesques et argotiques bien prononcés.

Force est de constater que ce one-shot vaudevillesque a le privilège de s’appuyer sur la notoriété de la maison historique de la police judiciaire de Paris et de mettre en avant un duo de policiers peu représentatif de ce haut-lieu répressif. Eu égard à ce choix, l’on concèdera que ce choix fait preuve d’une certaine volonté de se jouer de cette image et de l’associer à une affaire dont les circonvolutions vont se révéler peu communes.

Il en ressort un récit plutôt dynamisant et rafraîchissant, versé dans un déroulement à l’emporte-pièce qui n’est nullement pour déplaire. Sous le couvert des agissements criminels d’un personnage aux motivations obscures à découvrir, on se plait à suivre l’Ecluse et la Bloseille (sortes de Laurel et Hardy aux caractères très différents : l’un débutant et pistonné, l’autre ayant de la « bouteille » et étant un tantinet hors coup) dans leurs recherches, certes loin de l’enquête officielle (du moins dans un premier temps) mais très proches du goût du soiffard l’Ecluse. L’association bigarrée de ces personnages est intéressante et offre de bons petits moments de débats qui ne manqueront pas de déboucher sur un dénouement subi et inattendu.

L’autre originalité de cette histoire réside dans les dialogues que Frédéric Bagères a voulu emplis de réflexions argotiques typiques du vieux Paris. Les effets sont immédiats et génèrent à la fois cocasserie et profondeur sociale non négligeable.

C’est David François qui assure l’illustration des enquêtes de ce drôle de duo. A n’en pas douter, l’artiste se donne un style intéressant, plutôt originale, partagé entre gravure ancienne et dessin naïf à la Christophe Blain. Son trait dégage une bien belle énergie et a tendance à emballer avantageusement les péripéties dans une légèreté ambiante qui n’est pas sans déplaire.

Une bien bonne aventure policière à la sauce parisienne argotisée qui pourrait, éventuellement, lancer ce duo de personnages atypiques dans de nouvelles affaires criminelles.

Par Phibes, le 3 février 2018

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