Le trou de la zone

Dans une vallée luxuriante, debout sur une souche, une fouine hurle à la mort sous le soleil brûlant. Elle voit un grand malheur arriver : le trou de la zone. Michon le cochon, lui, ne voit rien. Il a chaud et soif, et cherche de l’eau. En traversant la forêt, il aperçoit dans un champ Doville le cheval et Bella la vache en plein flirt. Apres un échange de vannes, tous les trois prennent la route, en quête d’un point d’eau. Il croise un étang qui n’est plus qu’une mare de boue. Ils doivent continuer leur chemin, s’enfoncer dans la vallée de la mort, zone remplie de bidons qui laissent fuir des substances dangereuses et se mêlent à d’autres animaux, tous réfugiés climatiques.

Par geoffrey, le 20 avril 2016

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Notre avis sur Le trou de la zone

Le climat se réchauffe et tous les animaux en souffrent. C’est en somme le propos de Julie M. En 95 planches, elle fait déambuler ses trois héros, ses trois animaux personnifiés, Doville, Michon et Bella, à travers une bande dessinée grand format à la couverture souple qui séduit au premier abord. Passé le premier moment de charme, le drôle de ménage à trois ne parvient pas à convaincre sur la longueur.

Qu’est-ce que ce trou de la zone ? Sans "spoiler" l’histoire, on regrettera que les 3 protagonistes n’expliquent pas vraiment pourquoi ils se mettent en route et où ils vont. Nous les suivons dans leurs pérégrinations, mais leurs intentions demeurent obscures. Seules s’enchaînent les vannes et autres tentatives d’humour salé qui, bien que parfois drôles, ne suffisent pas à caractériser les personnages. Nous restons en surface sans les connaître réellement et sans s’y attacher donc. Dommage. Un quatrième larron, tel d’Artagnan, suit la bande, mais pour lui aussi le mystère demeure et demeurera.

En refermant la bande dessinée, le lecteur réalise qu’il manque une alchimie pour lier ensemble les personnages, le contexte et leurs aventures. C’est comme si l’histoire – à mi-chemin entre La Route de McCarthy et les Fables de l’Humpur de Bordage – restait parcellaire, lacunaire et ne parvenait pas à nous embarquer. Et s’il y a une note délirante dans les propos, notamment dans toutes ces moqueries que les personnages s’envoient à la figure, elle reste malheureusement loin de nous et ne nous déride pas.

C’est d’autant plus rageant que, sur le plan du dessin, la lisibilité et la fluidité sont présentes. L’auteure montre une aisance remarquable dans la mise en scène, dans les variations d’angle de vue et dans un découpage qui laisse voir des illustrations sur une pleine page ou sur deux. Elle utilise par ailleurs des trames qui renforcent le côté décalé, presque classique et colle parfaitement à cette tragédie post-apocalyptique.

Œuvre de sensibilisation à l’écologie et BD animalière, le Trou de la Zone a tout d’une œuvre en devenir hélas entâchée par trop d’erreurs de jeunesse dans la construction scénaristique. Il reste à Julie M. à s’aguerrir sur ce plan, c’est en tout cas avec intérêt que l’on suivra ses prochaines publications.

Par Geoffrey, le 20 avril 2016

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