TRAIN DES ORPHELINS (LE)
Jim

En 1920, en la cité de New-York, les gamins sans famille qui hantent les rues sont pléthores. Aussi, à l’initiative du révérend Charles Loring Brace, sont-ils recueillis au sein d’institutions qui se proposent de les réinsérer dans un nouveau cercle familial. Pour ce faire, ils sont envoyés aux quatre coins des Etats-Unis via des convois en train pour être distribués à qui voudra bien les accueillir. C’est le cas de Jim et de son frère Joey, bientôt rejoints par leur petite sœur Anna qui se voient participer à un long voyage (sans retour) qui doit les amener à l’est du pays. Quelle sera leur destinée ? Auront-ils la chance de tomber sur une famille d’accueil compréhensible ? Et quel est le lien avec ce vieux et taiseux personnage qui, en 1990, vient rendre visite à un avocat new-yorkais ?

Par phibes, le 14 octobre 2012

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Notre avis sur TRAIN DES ORPHELINS (LE) #1 – Jim

L’année 2012 semble réussir à Philippe Charlot qui, en pleine forme créatrice, s’est vu publié 4 albums (Bourbon Street, Karma Salsa, Harmonijka et le présent) chez divers éditeurs dont Grand Angle. Avec Le train des orphelins, ce dernier a décidé de créer une histoire en s’inspirant d’un fait réel peu connu du grand public et qui concerne le déplacement d’un très grand nombre d’enfants sans famille aux Etats-Unis durant les années 1850.

Loin de se complaire dans une juste énumération des faits, l’artiste s’attache par le biais de sa fiction, à nous décrire, d’une manière très évocatrice et bien documentée (voir le dossier de fin d’ouvrage), le parcours douloureux de quelques uns d’entre eux. C’est ainsi que, dans un contexte qui se veut très proche de l’époque, l’on croisera Jim et son frère Joey, tout deux abandonnés avec leur petite sœur, par un père irresponsable et promis à un changement d’existence. Philippe Charlot trouve ici la justesse des propos (qu’ils soient proférés par des adultes ou des enfants) et vient nous sensibiliser sur un "trafic " légalisé d’enfants, certes retirés d’une vie miséreuse mais voués à être exposés au choix populaire tel du bétail et à vivre une nouvelle peut-être aussi misérable.

Le jeu des personnages est absolument remarquable, permettant de saisir des instants débordant de malice, de cynisme, de détresse morale et surtout de naïveté infantile. On se laisse attendrir sans difficulté par la mésaventure de ces petits êtres sans défense qui n’ont d’autre choix que de suivre des adultes pas forcément bien intentionnés. Le fait de savoir que la réalité n’est pas loin conforte un certain trouble, habilement allégée par la naturalité des enfants et leurs aspirations les plus simples.

Par ailleurs, cet épisode pose les bases d’une énigme inhérente à la rencontre, dans un passé beaucoup plus contemporain, de deux hommes qui se connaissent bien. Qui sont-ils ? Après avoir lu ce tome, on pourra se faire une idée à ce sujet mais ils auront certainement l’occasion de nous le dévoiler dans le prochain.

Xavier Fourquemin a déjà un certain passé dans la bande dessinée et a peaufiné, au fil de ses travaux, son style grâce à des séries telles La légende du Changeling ou Miss Endicot. Avec cette nouvelle série, le lecteur ne sera pas dépaysé, l’univers graphique étant sensiblement le même que dans les albums antérieurs. Aussi, l’on concèdera que l’artiste se meut avec aisance dans l’histoire de Jim et ses pairs, usant d’un trait semi-réaliste averti, sensible et bien expressif. Ses petits personnages sont des plus charismatiques et par ce biais, dispensent une fraîcheur, une naturalité, une émotivité qu’on se plait à percevoir à chaque planche.

Un premier tome superbe, basé historiquement sur un fait dramatique peu connu, fort en émotions et en cabrioles enfantines qui ouvrent les portes d’un premier cycle de deux opus à lire chez Grand Angle. Un voyage qui ne vous laissera pas indemne !

Par Phibes, le 14 octobre 2012

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