SANG DU DRAGON (LE)
Lilith

En 1709, l’espion Bonetti poursuit son rapport au Pape Clément IX. En puisant dans son passé, le Capitaine Hannibal Mériadec a enfin découvert l’auteur du massacre perpétré sur une partie de son équipage, à savoir sa propre fille, Lilith. Alors qu’il s’apprête à en faire part à ses hommes, une mutinerie éclate. Le haut personnage se voit pendu à une vergue. Témoins de cette infamie, les marins du Cùchulainn décident d’investir le Mac Lir. A leur grande surprise, ils découvrent que le pont est jonché d’hommes qui dorment profondément et que le Capitaine et ses compagnons elfes ont quitté le navire pour atteindre, à l’aide d’une chaloupe, la frégate qui les suit au large et sur laquelle se trouve la sinistre Lilith. Après être grimpé à bord de la Mandragore, le petit groupe est accueilli par les sombres occupants qui introduisent Hannibal Mériadec auprès de leur maîtresse. Enfin, face à elle, le capitaine essaye de comprendre les exigences de sa fille et n’étant pas d’humeur assassine, tente de trouver un terrain d’entente. Est-ce que cette collusion sera bien perçue par les gens du Mac Lir et de plus, pourra-t-elle durer ?

Par phibes, le 26 janvier 2016

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Notre avis sur SANG DU DRAGON (LE) #10 – Lilith

Troisième épisode du deuxième cycle, ce tome 10 vient conforter le fait qu’Hannibal Mériadec, le pacha du Mac Lir, est encore très loin de prendre sa retraite de marin tant les péripéties qui l’entourent sont multiples. Après avoir gouté au Sang du Dragon et s’être expliqué avec son père, et avant qu’il ne disparaisse au Japon, le voici maintenant sur la route des Caraïbes en plein contentieux avec une fille revancharde. Il va de soi que maintenant que l’on sait que la sombre Lilith est l’auteur des atrocités perpétrées antérieurement, on peut se poser la question de savoir comment le regroupement familial va s’opérer. Cet épisode est là pour nous l’expliquer, et ce de la manière la plus haletante.

On reste encore sous le couvert du rapport de Bonetti, l’espion du Pape Clément IX, qui continue inlassablement à narrer les péripéties du charismatique capitaine à la jambe de bois. Et c’est à une étrange et fragile alliance à laquelle le lecteur va être convié, alliance qui va entretenir une atmosphère, une fois encore idéalement intrigante et pesante. Jean-Luc Istin, toujours à la manœuvre, en dévoile les dessous au travers de retrouvailles entre père et fille très sombres et poussent à quelques bonnes interrogations sur leurs desseins.

Bien que cet épisode ne semble posséder la puissance du tome précédent (eu égard au mystère étouffant qui planait sur les corps décharnés), il n’en demeure pas moins que sa teneur reste pour le moins captivante. Reposant sur le relationnel particulièrement instable entre Mériadec et Lilith, sur la personnalité très sombre de cette dernière que l’on va devoir saisir, ce tome fait avancer l’aventure pour nous faire atteindre les côtes du Nouveau Monde et découvrir le prochain terrain de jeu des deux protagonistes. Evidemment, eu égard aux prédispositions des deux personnages, à leurs passés douloureux (en particulier ici celui de Marie/Lilith), le récit ne manque pas de se nourrir d’un occultisme intéressant qui devrait éclater dans la suite prochaine (et ce n’est pas Teach, devenu en quelque sorte l’apprenti de Mériadec, qui sera le dernier pour l’attiser).

Stéphane Créty reste maître d’un graphisme qui a la particularité d’accentuer le côté dur de l’aventure. Avec des personnages aux faciès taillés à la serpe ou cachés par des masques qui taisent toute expression, l’aoriste campe un climat implacable qui sied au récit. Malgré, semble-t-il, ici un petit relâchement au niveau de la finesse de son trait, la mise en image se veut toujours avertie. On en veut pour preuve les nombreux plans de bateaux qui traduisent un très bel effort artistique.

Un tome captivant qui, entre embruns du large et claquement de voiles, conserve la tension d’origine et nous entraîne dans une confrontation familiale hors norme.

Par Phibes, le 26 janvier 2016

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