PRINTEMPS REFLEURIRA (LE)
Second livre

En ce printemps 1937, le train reliant Görlitz à Breslau est bloqué en pleine forêt à la suite de la chute d’un gros arbre sur la voie. L’artiste peintre juif Principius qui fait parti des voyageurs, a fini par être arrêté par les soldats de la Schutzstaffel, suite à une dénonciation, pour l’assassinat d’un autre voyageur, le jeune Benyamin Adler qu’il pense être son fils et dont le corps n’a pas été retrouvé. La comédienne Annette Arndt, épouvantée par ce qu’il arrive à Principius, est convaincue que ce dernier est innocent et prend la décision de se mettre en quête pour rétablir la vérité. Alors que tout semble couru d’avance pour le prisonnier, que la pression des SS et de la Kripo se fait de plus en plus sentir et que le jeu double de certains éclate au grand jour, la jeune arrivera-t-elle à ses fins ?

 

Par phibes, le 16 juin 2010

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Notre avis sur PRINTEMPS REFLEURIRA (LE) #2 – Second livre

Quelques cinq mois à peine après le premier opus, Johanna livre le second et dernier volet de son récit largement évocateur de l’antisémitisme sévissant dans les années 30 et de la progression idéologique d’un système radical, le nazisme.

Totalement imprégné du contexte dogmatique dans lequel baigne l’Allemagne en ce printemps de l’année 1937, le récit dramatique, un brin ésotérique, du peintre Albert Prinz, alias Principius, reprend son cours, oppressant depuis qu’il a été arrêté par la soldatesque allemande. A partir de ce fait tragique généré par la disparition de Benyanim Adler, les orientations scénaristiques sont multiples de telle manière qu’elles offrent une palette de réponses très différentes les unes des autres (abattement, riposte idéaliste, double-jeu…), eu égard à l’interaction des nombreux protagonistes à la psychologie très variée et à l’intrigue qui s’y déroule. Par ce biais, Johanna fait tomber les masques et démontre avec vigueur à petite échelle (au niveau de son récit) ce que subit le monde lui-même, de par l’ascension terrifiante nazie et se sert de ses péripéties pour dénoncer un tel dérapage idéologique banalisé.

Plus précisément, elle s’appesantit sur les états d’âme de son personnage principal qui, au travers de ses nombreuses émotions et évocations, de ses réflexions internes plus ou moins métaphoriques, nous introduit dans une sorte d’apathie douloureuse, dans une résignation et une attitude passive plombantes face aux évènements. Bien sûr, l’auteur ne perd pas de vue la quête d’origine de Principius à savoir la recherche de son enfant supposé qui trouvera enfin la réponse à ses interrogations.

Toutefois, un autre personnage a son intérêt, à savoir Braun dit Rouge Gorge. Johanna a su le rendre énigmatique en préservant judicieusement son identité et ses appartenances idéologiques jusqu’au milieu de cet album et en lui attribuant un rôle déterminant pour Principius.

L’artiste a une manière très personnelle de régir son univers graphique. Empreint d’une certaine naïveté dans le geste et de rigueur dans la thématique, elle livre un ensemble pictural très attrayant. Restitué en couleur directe, son dessin révèle par moment une puissance évocatrice assez complexe qui pourrait s’apparenter à des peintures de maîtres d’arts modernes.

Un album empli d’émotions pour un diptyque à lire tel un témoignage sur la discrimination raciale et les ravages des idéologies radicales.

 

Par Phibes, le 16 juin 2010

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