Le printemps des Arabes

 
En Tunisie, un petit commerçant s’est immolé par le feu pour protester contre le harcèlement qu’il subissait jour après jour de la part de policiers outrepassant leurs droits. Le pays entier fut choqué par ce geste de désespoir du marchand. Un mouvement de contestation anti-gouvernemental naquit et prit une telle ampleur que le dictateur en place, Ben Ali, dut s’exiler. Les petites gens avaient ainsi montré qu’unis, ils pouvaient défier même les plus grands. Leurs voix furent entendues dans de nombreux pays voisins, eux aussi gouvernés par des régnants depuis trop longtemps aux commandes. Un vent d’espoir et de liberté gagna ainsi de nombreux pays du pourtour méditerranéen et de la péninsule arabe : on appela ce vent de renouveau le Printemps Arabe…
 

Par sylvestre, le 22 juin 2013

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Notre avis sur Le printemps des Arabes

 
Quatorze récits courts composent ce livre, le premier revenant sur l’affaire Mohammed Bouazizi, ce Tunisien qui fut bien malgré lui à l’origine de grands bouleversements dans le monde arabe où certains conflits, des plus inhumains, sont toujours en cours à la date de cet avis. Comme en Syrie, par exemple. Ces différents récits reconstituent l’enchaînement de tous ces soulèvements populaires et nous rappellent qu’à chaque fois, des petites gens ont mis leur vie en péril au profit de leurs concitoyens. Dans certains des chapitres, la narration et l’information restent malheureusement assez généralistes, assez superficielles. Et c’est bien dommage, car on n’a pas dans ces cas-là vraiment l’impression d’en apprendre plus que ce que nous en ont dit à l’époque les média. Dans d’autres, qu’on apprécie alors un peu plus, c’est au travers de portraits que l’on découvre des initiatives personnelles qui ont pesé sur l’histoire en touchant des gens, des familles, des quartiers, des populations, des pays entiers…

On avait lu Sidi Bouzid Kids dans la collection KSTR des éditions Casterman. Cette histoire certes romancée mais basée sur des faits réels a elle aussi pour sujet la révolte tunisienne. Lorsqu’on entame la lecture de ce Printemps des Arabes, on est donc forcément déçu d’entrée par l’importance et la place qui sont données, dans le tout premier chapitre, à cette affaire Mohammed Bouazizi : quatre pages seulement !!! On se consolera donc avec l’addition des récits courts qui suivent, mais en gardant dans l’idée qu’à chaque fois, chaque "sujet" a pu être réduit au strict minimum quand il aurait mérité un traitement soit plus en profondeur, soit dilué comme dans Sidi Bouzid Kids pour que le lecteur reste plus longtemps dans le contexte, dans les situations, dans l’histoire…

Le dessin de Cyrille Pomès est de très bonne qualité : ses mises en pages sont bien conçues, les éléments qu’il veut faire ressortir se distinguent dans ses planches par une mise en couleur intelligente et son trait réaliste, rendant les personnages publics bien reconnaissables, réussit en outre à nous montrer les choses en mode reportage et non en mode fiction.

Le printemps des Arabes peut donc souffrir, vous l’avez compris, de la comparaison avec d’autres titres. Il reste néanmoins un ouvrage de grand intérêt remettant en lumière les points forts de la vague de protestation qui a déferlé sur les pays arabes en les faisant se succéder rapidement les uns les autres comme pour rappeler que tout ça fut très soudain, très surprenant et, on l’espère, générateur du meilleur dans l’avenir pour ceux qui ont voulu se faire entendre quitte à donner leur vie pour cela…
 

Par Sylvestre, le 22 juin 2013

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