NOUVEAU MONDE (LE)
L'épée du conquistador

En 1602, en Espagne, Frère Marcos décide de faire le récit des évènements qui ont marqué sa jeunesse. Pour cela, il se replonge quelques 64 ans plus tôt, au moment où jeune moine de l’Ordre des Franciscains ayant épousé les thèses du prêtre dominicain Bartholomé de Las Casas, il est envoyé à Tenochtitlan (future Mexico) pour convertir à la foi chrétienne les habitants du Nouveau Monde et découvrir l’énigmatique Eldorado. Il se rend auprès d’Antonio de Mendoza, Vice-Roi du Mexique, qui lui permet de rencontrer la belle et troublante Dona Isabel, fille directe de l’Empereur aztèque Moctezuma chassé par le conquistador Cortès que ce dernier a pu préserver d’un sacrifice, et promise au sinistre Comte Nuno de Guzman. Considérant la quête on ne peut plus dangereuse que le jeune franciscain doit mener à l’intérieur des terres sauvages, il se voit proposé un appui armé en la personne d’Esteban, ancien esclave noir devenu combattant émérite et emprisonné par Guzman pour sa sensibilité envers le peuple aztèque. Alors que les deux hommes s’apprêtent à se lancer dans leur expédition, ils se voient rejoints par Dona Isabel qui, fuyant la malfaisance de Guzman et de son ami Xicotenga, souhaite partir avec eux. Autant dire que la mission d’évangélisation va connaitre bien des remous.

Par phibes, le 2 mars 2018

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Notre avis sur NOUVEAU MONDE (LE) #1 – L’épée du conquistador

Prévu pour se décliner en deux parties, le récit dont il est question a pour vocation de nous entraîner dans une aventure historico-fictive qui se déroule au temps des conquistadors et qui se doit d’être vécue par un jeune moine franciscain envoyé en plein territoire aztèque pour convertir ses habitants.

Ce premier volume possède tous les ingrédients suffisants pour susciter un grand intérêt de la part du lecteur. Tout d’abord, au niveau historique, les coscénaristes François Armanet et Jean Helpert, tous deux œuvrant pour la première fois dans le 9ème art, démontrent visiblement qu’ils se sont bien appropriés le sujet de façon à bien cadrer leur histoire dès les premières planches. Entre faits réels et personnages célèbres, les deux artistes parviennent ainsi à donner une base solide à leur épopée et de fait, lui donner une consistance première on ne peut plus plausible et consolidante pour tout ce qui va suivre.

Ensuite, bien qu’il s’agisse d’une aventure initiatique qui pourrait bénéficier d’un certain conventionnalisme, les péripéties auxquelles nous sommes confrontés ont le privilège de nous introduire dans une intrigue enfiévrée, découpée avec adresse et alimentée par une double soif, chrétienne et aurifère, qui n’est nullement pour engendrer l’ennui.

Enfin, le choix des personnages est pour le moins judicieux. Les coscénaristes nous offrent un panel bien diversifié, entre un Marcos, missionnaire droit dans ses sandales et bien engagé dans sa mission, un Estéban à peau d’ébène très actif, une Isabel emmenant le brin de féminité qu’il sied particulièrement volontaire et un Guzman brutal et revanchard à souhait. Tout ce petit monde s’articule remarquablement pour nous engager dans un début d’équipée qui ne manque aucunement d’actions et de bons rebondissements.

La valeur de cet opus passe également par la superbe prestation de Xavier Coyère. Fort de son travail sur la série Mékong, ce dernier nous offre un dessin puissant se nourrissant d’un réalisme pour le moins enchanteur, croquant paysages du nouveau monde dans une restitution historique et panoramique extraordinaire et animant des personnages caractériellement imposants. Sur ce dernier point, on pourra saluer la beauté et l’expressivité de leurs visages reconnaissables dans chaque vignette, la rigueur de leurs attitudes et la perception de leur charisme.

Un premier épisode plein de promesses aventureuses. Vivement la suite et fin !

Par Phibes, le 2 mars 2018

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