Le monde merveilleux des vieux

Au crépuscule de leur existence, les vieux tirent leurs dernières cartouches en se gaussant grassement et crûment d’eux-mêmes et de ceux qui les entourent. Même si leur corps s’est métamorphosé au point de ne plus pouvoir compter les plis qui les déforment, leur esprit reste assez vif pour assouvir leur moindre pulsion lubrique et décadente.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Le monde merveilleux des vieux

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Laetitia Coryn, jeune artiste débutante dans la bande dessinée et produite par le tout nouvel éditeur Vent des Savanes, ne fait pas dans la dentelle. Epaulée par Jean-Claude Mézières (Valérian) et Florence Cestac (La véritable histoire de Futuropolis), elle fait preuve, pour son premier ouvrage, d’une imagination décapante qui ne peut qu’interpeller.

Mettant en spectacle de vieux grabataires délurés aux physiques ingrats et flasques, elle provoque le lecteur en présentant des scènes souvent dégradantes, voire choquantes pour les plus sensibles. Ici point de réflexion philosophique, tout au plus une sorte de rejet des effets pervers de Dame Nature.

Laetitia prend plaisir à agiter et à tortiller les corps décharnés de ses personnages déjantés dans une incontinence verbale sans complexe. Les adeptes de Vuillemin et de Reiser devraient trouver leur compte, les autres fermeront les yeux sur la crudité et l’acidité de certains passages fleurant la scatologie. Bien sûr, l’on conviendra que les tribulations de ces ancêtres olé-olé sont à prendre au quatre-vingt-dixième degré. Toutefois, on déconseillera cette lecture aux plus jeunes.

Les dessins sont excessifs et largement explicites. Le trait est caricatural et produit l’effet tant espéré.

Pour l’heure, Laetitia Coryn a gagné son pari. Que ce soit en mal ou en bien, son ouvrage ne laisse pas indifférent et fait largement causer.
 

Par Phibes, le 29 janvier 2008

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