Le modèle

C’est le printemps. Alors que la nature s’éveille, au village chacun y va de ses occupations quotidiennes. Toutefois, l’arrivée d’une artiste peintre va bousculer les habitudes des paysans du coin et plus particulièrement celles de Jean-Michel. Profitant de la livraison de légumes, ce dernier va être le témoin curieux des cours de dessins artistiques auxquels participe la jeune femme en tant que modèle. Subjugué par l’art pratiqué et par la personnalité de celle-ci, Jean-Michel va en tomber sous le charme.

 

Par phibes, le 21 septembre 2011

Notre avis sur Le modèle

Après son dernier roman graphique Courage fuyons ! paru aux Editions L’œuf, c’est à une rencontre bien particulière que nous invite Laëtitia Rouxel, celle d’un homme d’une femme issus de deux mondes très différents. Le premier est enfant du terroir, l’autre est artiste. Rien, à priori, ne les unit et pourtant, au détour d’une œillade sans prétention stimulée par une curiosité somme toute normale, un déclic va se produire qui va pousser Jean-Michel, l’un des deux personnages clés, à s’intéresser au fameux modèle.

Sur un ton nature et plein de sincérité, le récit se démoule linéairement, bercé par les ambiances de ruralité, de rusticité printanière attachante. Malgré quelques saccades dans l’évocation de la romance qui s’installe progressivement et dans l’association de situations un tantinet hasardeuses, Laëtitia Rouxel parvient tout de même à nous sensibiliser à son histoire. La passerelle qu’elle met en place entre les deux protagonistes se veut spontanée, sans artifice et lui donne l’occasion de se jouer de ses personnages psychologiquement marquants, dans leurs habitudes inaccoutumées, leurs réactions dégagées, leur trouble (surtout pour Jean-Michel et son père).

Tout en y introduisant quelques zones de cocasserie dans les faits et les dialogues (on sent que l’auteure est attachée à l’univers rural), Laëtitia Rouxel mixe avec délicatesse, respectueusement, les cultures paysannes bien ancrées d’un côté, et artistiques, modernes de l’autre. Le produit de ce mélange se veut plaisant, de par son ambiance poétique et sa quête d’authenticité, de découverte d’une intimité vierge frappée par un art nouveau au moyen de rêves évoqués de façon sporadique, d’un amour naissant.

Le graphisme en noir et blanc dégage une réelle émotivité que l’on peut ressentir dans la représentation des individus au physique commun, grevé de certaines particularités qui en font quelque part leur charme. Le trait utilisé est pour le moins direct, révèle subtilement, dans des effets légers de fusain, la nature (rurale et humaine) dans son état le plus simple, le plus généreux et de fait, dans un message des plus explicites.

Le modèle est un roman graphique bien sympathique à parcourir dans un mélange délicat de ruralité et d’évocations artistiques.

 

Par Phibes, le 21 septembre 2011

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