MARIN, L'ACTRICE & LA CROISIÈRE JAUNE (LE)
Mauvaises rencontres

En juin 1931, le raid automobile organisé par André Citroën poursuit son cours à travers le territoire asiatique. Les deux expéditions lancées simultanément par le constructeur de Beyrouth et de Pékin avancent petit à petit au rythme de nombreuses embûches d’ordre topographiques ou politiques soulevées le long de leur chemin. Le groupe Chine conduit par Victor Point, perdu en plein désert de Gobi, est confronté à des tensions intestines avec le groupe chinois qui l’accompagne et à des problèmes d’intendance et de défaillances techniques. De surcroît, tout en traversant une région baignant dans le sang, il se voit opposer dommageablement à des attaques de pillards qui retardent sensiblement leur progression. De son côté, le groupe Pamir mené par Georges-Marie Haardt a entamé le franchissement de la chaîne himalayenne non sans mal. La rudesse du climat et la topographie tourmentée l’obligent souvent à s’adapter aux conditions extrêmes mais la volonté demeure pour aller de l’avant. Pendant ce temps, à Paris, la jeune actrice Alice, égérie de Victor Point, essuie les avances incessantes de Paul, le journaliste allemand.

Par phibes, le 31 juillet 2013

Publicité

Notre avis sur MARIN, L’ACTRICE & LA CROISIÈRE JAUNE (LE) #3 – Mauvaises rencontres

Toujours imprégné des ambiances enfiévrées du fameux périple jaune concocté par le constructeur automobile André Citroën dans les années 30, Régis Hautière nous livre, avec ce troisième opus, la suite de son aventure exploratrice.

Cette fois-ci, le lecteur est plongé au cœur de la double mission portée par les deux responsables Point et Haardt. Par ce biais, le scénariste nous permet de découvrir le dur labeur des deux hommes et de leurs équipes face à des évènements impromptus générés par des tensions politiques locales ensanglantées ou par des régions naturelles particulièrement sauvages qui les obligent, pour continuer, de prendre des mesures adaptées. C’est ainsi que, grâce à un sens du découpage averti et dans un alternat qui n’en est pas moins, l’on découvre de chaque versant de l’Himalaya les atermoiements de chaque groupe dans une sélection d’instantanés historiquement probants qui se suffit à elle-même pour traduire la dure réalité de leur prouesse. Pour bien en saisir tout le contexte, les dialogues explicites sont complétés comme précédemment par le journal intime de Victor, via des lettres adressées à sa dulcinée.

Aussi, on ne manque pas de se laisser transporté par ce périple évoqué généreusement où l’on perçoit la volonté inébranlable de toute une kyrielle d’individus d’aller au bout de leur rêve, malgré des écueils parfois insurmontables. Cette envie de se surpasser n’occulte pas l’idylle introduite dès le départ entre Victor et Alice, qui de part l’éloignement et l’incertitude, prend des distensions inquiétantes. A cet égard, Régis Hautière entretient un certain mystère et se pose d’ores et déjà la question des retrouvailles.

Arnaud Poitevin reste dans un style graphique qui sied parfaitement au récit. Son travail documentaire ne fait aucun doute au vu des nombreux clichés inspirés de documents photographiques de l’époque qu’il a su mettre en évidence dans ses vignettes. Sans rentrer dans une évocation trop pointue et étouffante, éludant également un dessin trop épuré, ce dernier a opté pour un juste milieu qui fait que ses décors exotiques et ses personnages sont suffisants pour insuffler un certain intérêt. A noter que la restitution des véhicules à chenille Citroën est des plus réussies.

Un troisième volet toujours aussi captivant qui se veut le témoignage d’une initiative à la fois totalement folle et belle, et qui devrait appeler, semble-t-il, un dernier tome.

Par Phibes, le 31 juillet 2013

Publicité