MAL (LE)
Super manne

Le mal poursuit sa lente progression au sein de la petite population de Saint-Antoine. Après le suicide d’Yvonne aux chats, d’autres suivent le même chemin que cette dernière, emportés par de terribles déformations nécrotiques. Alors que le jeune Marco fait la connaissance des mystérieuses petites filles d’Yvonne, Sonora ressent le besoin de comprendre ce qui se passe au sein du village où passé et présent semble se mêler dans un suintement morbide. Quelle terrible vérité peut bien se terrer derrière ce "mal des ardents" qui génère des intentions peu glorieuses.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur MAL (LE) #3 – Super manne

Comme l’annonce clairement l’estampille qui orne le premier de couverture, le troublant récit sur un mal ancestral qui sévit de nos jours, touche à sa fin. La vérité tant espérée sur l’origine de ces déformations horribles recensées sur le bourg de Saint-Antoine l’Abbaye est enfin dévoilée dans cet épisode intitulé sous la forme d’un jeu de mot rappelant un super-héros.

A l’image de l’un de ses personnages principaux, le maçon Sonora, Py finalise la construction de son œuvre angoissante. Le climat saisissant qu’il a su instaurer autour d’un thème historique et qui recouvrait telle une chape de béton la petite bourgade, se dissipe enfin grâce à la conjonction de plusieurs découvertes.

Pour ce faire, Py, qui est un féru d’Histoire et de légendes celtiques tant son récit va chercher loin ses bases (il suffit de voir et d’apprécier les nombreux renvois à des thèmes authentiques), explicite l’avènement du mal et de ce qu’il a induit. Grâce à la perspicacité de Sonora, pris malgré lui dans la tourmente, on entrevoit le terrible secret qui, ça va de soi, nous apporte la réponse à des questions posées précédemment.

Ce troisième et dernier opus reste donc à la hauteur des précédents dont on appréciera copieusement l’atmosphère pesante portée par des personnages atypiques qui viennent, chacun à leur tour, combler le puzzle de l’écoeurante vérité.

André Houot qui s’est lui aussi inspiré du paysage isérois (le village et son abbaye existent) réalise des graphiques d’une grande finesse dans la droite ligne de ceux exécutés dans les tomes et séries précédents ("Septentryon", "Le Khan"…). Ces dessins sont à la fois beaux et effrayants. Beaux parce qu’ils dégagent une certaine sensualité, se découvrent dans un réalisme superbe, et effrayants car ils laissent passer comme des visions subliminales de douleurs, d’effrois. Il est vrai qu’il a le don de s’attacher à des détails peu ragoûtants mais c’est sûrement pour mieux nous faire réagir.

"Super manne" sonne la fin d’un triptyque surprenant, amer, que je vous invite à parcourir vivement pour son ambiance destabilisante. Bravo !

Par Phibes, le 25 janvier 2009

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