LÉNA
Le long voyage de Léna

Léna est une femme qui a perdu son mari et son fils de dix-sept ans dans un attentat à la bombe, au Soudan, où ils vivaient tous les trois. Elle n’a, ce jour-là, pas partagé leur triste sort car elle était rentrée en Europe pour les funérailles de sa mère. L’attentat n’a jamais été revendiqué, et en plus d’avoir tout perdu, Léna se retrouvait donc sans savoir qui haïr.

Un jour, un homme lui a proposé une mission qu’elle a d’abord refusé tant elle était effarante, puis qu’elle a fini par accepter. Une difficile mission ponctuée de rencontres qu’elle n’aurait sans doute jamais voulu faire et qui la poussera sur les routes de nombreux pays. Une mission qui soignera ses blessures tout en les ré-ouvrant…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur LÉNA #1 – Le long voyage de Léna

C’est en entrant dans le monologue de Léna qu’on "prend son train en route" et qu’on la suit toujours plus à l’est, jusqu’en Syrie, dans une mission qui restera énigmatique pendant la presque totalité de l’album. Le long voyage de Léna est une aventure aussi paisible qu’est épais le mystère qui entoure cet itinéraire-puzzle que suit l’héroïne. Elle aura autant de personnes à rencontrer, à qui remettre des petits cadeaux, qu’elle traversera de pays, et toutes ces rencontres se passeront finalement très bien alors qu’on sentira le malaise qui y préside. On aura vite fait de comprendre que ce voyage a des parfums de politique, de vengeance et de souvenirs douloureux mais le scénariste nous fera gamberger dans notre quête du sens à donner à tout cela. La fin de cette histoire est surprenante, et c’est bien quelque chose dans le genre qu’on attendait après une quasi monotonie des situations suivies (voir aussi la "case refrain" des pages 48 à 53, par exemple). Obtenir le succès dans une pareille entreprise relevait de la minutie d’un horloger pour celui qui a fait accepter à Léna cette mission, et on se rend compte en lisant cette bande dessinée que le scénariste Pierre Christin aussi a fait preuve d’un talent tout aussi précis pour mener son récit.

Le dessin de André Juillard est un dessin tout indiqué pour mettre en images cette histoire. Il traduit bien la mélancolie qui habite cette femme, une femme dont le chemin est millimètré mais qui, au fond, est une femme perdue depuis que ses proches sont décédés. On ne la sent vraiment paisible que lorsqu’elle est dans l’eau. Cet élément ponctuera d’ailleurs son aventure et la révèlera esthétiquement plus féminine que ce qu’elle parait quand elle n’est qu’un pion sur l’échiquier international. C’est d’ailleurs dans les eaux australiennes qu’elle s’autorisera à se tourner vers un avenir plus joyeux que les souvenirs qu’elle garde au fond d’elle. Elle ne guérira pas pour autant mais on la quittera avec, pour elle, cet espoir.

Cette BD est très belle et si on l’a choisie pour voir du pays, on en ressort avec le soulagement qu’enfin Léna puisse poser ses bagages. Merveilleux ouvrage s’ajoutant au catalogue de la collection Long Courrier, il est un de ces titres qui n’aurait pas trouvé meilleur écrin pour exister. Un petit bijou à lire absolument.
 

Par Sylvestre, le 16 octobre 2006

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