JOUR OÙ J'AI RENCONTRÉ BEN LADEN (LE)
De Vénissieux à Tora Bora

Nizar et Mourad, deux jeunes des Minguettes à Vénissieux, décident en 2001 de quitter la banlieue lyonnaise pour se former au djihad en Afghanistan auprès des Talibans. Une fois sur place, leur aventure ne va vraiment se passer comme ils l’imaginaient, se retrouvant au sein d’un des camps formant les futurs terroristes.

Par v-degache, le 9 septembre 2021

Notre avis sur JOUR OÙ J’AI RENCONTRÉ BEN LADEN (LE) #1 – De Vénissieux à Tora Bora

Reprenant les témoignages et souvenirs de Mourad Benchelalli et Nizar Sassi, ce premier tome de Le jour où j’ai rencontré ben Laden raconte la trajectoire de deux hommes qui vont partir se former pour le djihad en Afghanistan en 2001 auprès d’Al-Qaïda, bien avant la vague syrienne et DAECH.
Habitants de la cité des Minguettes à Vénissieux, quartier emblématique de la difficulté des différentes politiques de la ville à résoudre le problème des banlieues, qui va connaitre l’apparition des premiers rodéos urbains et incendies de voitures au début des années 1980, et point de départ de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, dite « Marche des beurs », en 1983.

Jeunes hommes, impliqué dans différents trafics pour Nizar, influencé par le cercle familial avec un père partant rejoindre les musulmans bosniaques lors de la guerre en Yougoslavie, et un frère impliqué dans la mouvance islamiste radicale pour Mourad, ils vont être recrutés dans leur quartier, et, en quête d’aventures et de nouvelles expériences, se retrouver au milieu des Talibans qui sont alors maîtres de l’Afghanistan, avant l’intervention étatsunienne post 11 septembre.

Jérémie Dres, qui signe scénario et dessins, propose une adaptation et un découpage rythmés de la trajectoire de ces deux Vénissians. On parcourt d’un seul trait ce premier volume, se replongeant dans le parcours de ces apprentis djihadistes que l’on a peu à peu oubliés avec la filière syrienne.
Psychologie des protagonistes, puis arrivée et découverte des camps afghans, intervention américaine après les attentats du 11 septembre, sont très bien racontées par l’auteur, avec un réel talent pour transmettre ces témoignages en image, genre documentaire auquel Dres est habitué, ayant déjà enquêté sur ses origines familiales (Nous n’irons pas voir Auschwitz et Si je t’oublie Alexandrie), les liens entre reggae et judaïsme (Dispersés dans Babylone), et les avancées scientifiques (Les défis de l’intelligence artificielle).
Le dessin peut paraître parfois austère, et le fait que l’on s’éloigne d’un trait réaliste peut décontenancer, mais la narration fait vite oublier ce qui peut être un frein à la lecture, une fois que l’on a attaqué l’ouvrage !

Le jour où j’ai rencontré ben Laden est un bon moyen de découvrir ou redécouvrir cette première vague de djihadistes issus de nos cités, qui sont partis se former à l’étranger afin de commettre des attentats en métropole, alors que s’ouvre le procès de la filière du 13 novembre 2015, et de tenter de comprendre l’échec, dès la fin des années 1990, de la France à empêcher ce type de départs, remettant en question l’idéal d’intégration et d’assimilation prôné par la république.

Le jour où j’ai rencontré ben Laden est un témoignage passionnant sur ces apprentis terroristes, restitué avec talent par Jérémie Dres !

Par V. DEGACHE, le 9 septembre 2021

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