Le Jardin, Paris

Le cabaret parisien Le Jardin connaît dans l’entre-deux-guerres un grand succès grâce à sa troupe de danseuses mais également grâce à Rose, jeune homme en quête de son identité sexuelle. Cette réussite va quelque peu venir bouleverser l’équilibre de cette communauté, d’autant plus que Rose commence à susciter l’intérêt du Tout-Paris !

Par v-degache, le 21 décembre 2020

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Notre avis sur Le Jardin, Paris

Le Jardin est un cabaret de music-hall parisien où Rose, jeune garçon androgyne, fait ses premiers pas de danse dans le milieu de la nuit parisienne. Il est entouré de sa mère et de toute une équipe de danseuses aux noms de fleurs. C’est dans cette ambiance florale, déjà omniprésente dans la première BD de Gaëlle Geniller, Les fleurs de grand frère, que Aimé, riche héritier d’une maison d’édition, semble jeter son dévolu sur le jeune homme, dont il ne rate aucune représentation.

La dessinatrice ligérienne signe un dessin épuré, avec un vrai travail graphique, notamment sur tout ce qui touche l’architecture, les costumes et le mobilier. On retrouve d’ailleurs ses recherches dans un beau cahier graphique en fin d’ouvrage. A noter aussi le joli rendu des couleurs qui participent pleinement à asseoir l’ambiance de l’album. L’auteure s’amuse avec la vie du cabaret et de ses locataires qui incarnent le triomphe de la mode « garçonne » à Paris dans cet entre-deux-guerres. Les cheveux longs ont fait place à des coupes courtes, le corset disparaît, la tutelle de l’homme semble lointaine, les mœurs se libèrent et l’insouciance prédomine !

Cette mode fait également la part belle à l’ambiguïté sexuelle, ici incarnée par Rose, en quête d’identité, soutenu par une mère qui accepte sciemment la relation avec Aimé. Celui-ci est traité avec mystère, mi-prédateur sexuel d’adolescent, mi-mécène attentionné. La deuxième partie du récit délaisse le Jardin et sa communauté de danseuses pour emmener le lecteur à la campagne, à l’écart de Paris, dans la résidence secondaire de Aimé où Rose va continuer, le temps d’un été, à affirmer sa personnalité et sa réelle identité, entre rencontres, rires et danses.

Le Jardin, Paris est une œuvre riche et mystérieuse, évoquant parfois l’atmosphère de l’excellent film de Bertrand Bonello, L’Apollonide, pour son côté choral féminin (la maison close faisant ici place au cabaret), et le pamphlet pour la reconnaissance de la transidentité, au plus près des enjeux contemporains de nos sociétés.

Le Jardin, Paris ne conduit jamais le lecteur là où il s’attend à aller. Le scénario surprend et maintient la fraîcheur de la BD de bout en bout, préservant également une certaine innocence, tout en abordant des problématiques complexes avec intelligence et sensibilité, le tout porté par la légèreté et parfois la grâce du dessin de Gaëlle Geniller.

Par V. DEGACHE, le 21 décembre 2020

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