Le jardin des glaces

Un vieil homme à la santé vacillante cultive son jardin avec soin et persévérance. Il se nomme Arnold Francart et a tout l’air d’un personnage rustre et effacé. Pourtant, il intéresse Barbara, étudiante en Géographie qui recherche en lui le grand explorateur qu’il a été quelques années plus tôt. L’intervention inopinée de la jeune fille dans son univers horticole va faire ressurgir un douloureux passé qui a figé définitivement cet explorateur de l’extrême, et faire éclore un secret terrible.

Par phibes, le 1 janvier 2001

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Le jardin des glaces

En cette année 2008, la collection "Aire Libre" de chez Dupuis accumule les sorties et pas des moindres. Il est vrai que celle-ci fête ses 20 ans d’existence et qu’à ce titre, elle réalise à chaque publication de cette année, en marge de l’édition commune, un tirage spécial enrichi d’une jaquette et de dessins inédits. "Le jardin des glaces" n’échappe pas à cette ligne de conduite.

Après "Lova", "Fanchon", "Déesse blanche, déesse noire" et "L’assassin qui parle aux oiseaux", Jean-Claude Servais revient dans la collection "Aire Libre" pour un one-shot qui se veut innovateur dans le récit. En effet, l’auteur quitte partiellement la région ardennaise natale qu’il affectionne particulièrement et dont chaque histoire en est empreinte. De fait, le pôle nord, endroit mordant et uniforme, vient de temps à autre se substituer au doux et verdoyant environnement campagnard d’une bâtisse ardennaise.

S’inspirant des exploits authentiques de l’explorateur belge Alain Hubert, Jean-Claude Servais nous fait pénétrer le quotidien d’un jardinier miné par un secret qui va éclater au grand jour grâce à l’apparition de Barbara. Sur fonds de thriller, "Le jardin des glaces" a le don de captiver par les antagonismes des lieux décrits et l’envie de découvrir le secret que le jardinier et sa femme recèlent. L’atmosphère bucolique dont est porteur l’album, qui va s’alourdir par des aveux difficiles est on ne peut plus attirant. Le lecteur est pris au jeu et tel Arnold Francart, est suspendu aux apparitions de la jeune étudiante. Certes, il est vrai que l’histoire n’est pas forcément d’une grande fougue mais qu’elle joue plutôt subtilement sur l’analyse psychologique des personnages qui ont tous quelque chose à cacher et par ailleurs à avouer.

Découpant habilement son scénario par bribes d’informations passées ou présentes, l’auteur fait monter progressivement la tension de son récit. La maladie du jardinier, le rythme des saisons, l’équipée fatale du pôle nord, l’enquête de Barbara, les confidences, concourent à un développement inquiétant et à un final amer.

En tant que dessinateur, Jean-Claude Servais a le don de produire des graphiques d’une douceur extrême. Ayant semble-t-il laissé de côté l’encrage, il exécute un crayonné sublime relevé par une colorisation non moins excellente. Son dessin réveille immanquablement les émotions les plus diverses et apportent une ambiance réaliste apaisante. Il se fait le rapporteur graphique de Dame Nature dans les moindres détails. Par ailleurs, ses personnages sont d’une beauté flagrante et d’une expressivité généreuse.

Porteur d’un message subliminal sur le réchauffement de notre belle planète, "Le jardin des glaces" aura tôt fait de séduire de très nombreux lecteurs par son appel au voyage et à la mise en culture de plusieurs jardins secrets. Une équipée saisissante et enivrante !

Par Phibes, le 23 novembre 2008

Publicité