FLEUVE SHINANO (LE)
Tome 2

Après avoir abandonné un premier homme et poussé au suicide un second, Yukié est rentrée chez elle où elle a été abusée par celui qui depuis toujours s’était fait passer pour son père. C’est dire si cette femme que l’on pouvait penser malheureuse en amour était plutôt, en quelques sortes, une femme venimeuse à laquelle tous les hommes succombaient.

Consciente de ses mœurs dépravées, Yukié a voulu se comprendre, se construire. Et elle a pris la route pour partir à la recherche de sa mère qui l’avait abandonnée juste après sa naissance. Elle l’a retrouvée, femme insondable, femme misérable, dans une maison de plaisir où elle entretenait dans la pièce à côté de là où elle « travaillait », son amant du moment, un pauvre hère totalement paralysé…

Yukié a tout pardonné à cette mère, mais s’est renforcée dans l’idée que sa mauvaise vie lui venait de sa mère. Peu de temps après, cette dernière est morte. Yukié a scrupuleusement suivi la tradition post-mortuaire, venant tous les jours prier sa mère au temple, mais ce respect a vite fait apparaître l’attirance qu’elle avait pour le père Takien, le religieux qui conduisait les prières. Celui-ci aussi, d’ailleurs, n’a pas su résister au corps ni au mystère de Yukié… Au point que malgré la distance qu’il a fini par mettre entre eux, il a fallu qu’il use d’un stratagème diabolique pour signifier à la belle qu’il ne pouvait plus l’accepter dans sa vie Tokyoïte.

Un échec amoureux de plus pour Yukié qui les redoute autant qu’elle les génère. Yukié a donc décidé, alors qu’elle n’avait que 18 printemps, de mettre fin à ses jours…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur FLEUVE SHINANO (LE) #2 – Tome 2

On s’était laissé attrister par le sort de Yukié Takano à la lecture du tome 1. La jeune femme ne semblait pas être maîtresse de son destin. Mais au fur et à mesure de la progression de l’histoire, on se pose de plus en plus de questions. Certes, il y a toujours une certaine malédiction, une certaine fatalité, qui plane sur cette enfant trop vite devenue adulte. Certes, il y a aussi bien des malaises à l’origine desquels elle n’est pas, mais on finit par se dire qu’elle appelle le malheur, que sa vie en est de toutes façons indissociable… Yukié est le genre de femme que les hommes essaieraient d’éviter pour ne pas attirer le malheur sur eux, mais elle est aussi cette sirène attirante qui leur fait tourner la tête, lecteurs y compris, qui la verront, gourmande et ingénue, s’adonner à certaines pratiques amoureuses enivrantes…

Mais tout reste très poétique dans ce tome 2 du Fleuve Shinano. La narration en voix off, les personnages, le dessin… Le style graphique est encore plus intéressant que dans le premier tome, ai-je même trouvé. Le dessin y est le même, épuré, arrondi, sensuel, mais surtout, les transitions graphiques originales y sont plus nombreuses… Larmes, pétales de fleurs, flocons de neige, papillons, embruns, surfaces des eaux, corps… Tous ces éléments participent à de belles constructions de planches recherchées (voir l’extrait proposé sur cette fiche), faisant du Fleuve Shinano une histoire doublée d’un exercice de style qu’apprécieront les plus exigeants des amateurs de lecture manga.

Les larmes qui tombent sur le visage de Yukié ont pris la couleur du sang sur le dessin ornant la couverture. Voilà qui donne bien le ton de cette superbe BD à découvrir aux éditions Asuka.
 

Par Sylvestre, le 14 avril 2008

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