FLEUVE SHINANO (LE)
Tome 1

La petite Yukié a vu le jour en décembre 1918, près des rives du fleuve Shinano. Ce cours d’eau dont le nom provient d’une triste légende traverse une région du Japon alors extrêmement pauvre et charrie trop souvent les corps de nouveaux-nés abandonnés par leurs parents démissionnaires devant une vie trop difficile.

Enfant, Yukié a rencontré Tatsukichi. Après être devenus amis et s’être plus tard déclaré leur flamme, la vie les a séparés. Yukié avait montré plus de chagrin que son jeune amoureux, mais elle aurait dû se consoler de sa promesse de l’attendre…

Le temps passa et Yukié, alors qu’elle était encore mineure, rencontra un autre homme : son professeur de japonais. Leur relation ne fut pas du goût de tout le monde…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur FLEUVE SHINANO (LE) #1 – Tome 1

Les premières pages de ce roman graphique n’ont pas de mal à nous mettre dans l’ambiance, une ambiance lourde qui prédominera durant toute l’histoire, introduite par une légende d’une grande tristesse. En effet, tout dans cette région du Japon du début du XXème siècle semble misérable. Balayée par les vents glacés et recouverte d’une épaisse couche de neige, la terre traversée par le fleuve Shinano nous est montrée comme une terre maudite où l’espoir n’a pas sa place et où les gens ne naissent que pour mourir.

Pourtant, quand les acteurs entrent en jeu et que leurs dialogues donnent vie au récit ; quand Yukié apparaît petite fille, aussi, on se sent soudain réchauffé comme si on échappait aux morsures de l’hiver en entrant dans une maison accueillante. C’est là que Yukié et Tatsukichi se rencontrent et se disent s’aimer l’un l’autre.

Seulement, ce rayon de soleil ne sera que de courte durée puisque les deux tourtereaux seront séparés. Et une phrase sur le destin de Tatsukichi nous incitera d’ailleurs à oublier ce garçon.

La partie suivante relatant la relation entre Yukié et son nouvel amoureux redonnera à son tour de l’espoir, mais une fois encore, la douceur du bonheur trouvera son contrepoids dans la réaction des gens à leur égard, dans les problèmes que connaît le Japon de l’époque ou toujours et encore dans cette malédiction à laquelle les héros semblent ne jamais pouvoir se soustraire : celle du fleuve Shinano qui inlassablement s’écoule en murmurant qu’il porte malheur.

Derrière une pochette originale qui en dit à elle seule long sur l’atmosphère de ce manga, on appréciera le trait du mangaka qui sait s’arrondir lorsque les scènes sont agréables alors qu’il est beaucoup plus nerveux, voire déroutant, lorsqu’il traduit des ambiances plutôt que des faits et gestes.

Enfin, la poésie du texte est très importante. Elle donne à l’histoire un air de conte et oeuvre, dans les contrastes entre le bonheur et le malheur, à nous hypnotiser pour mieux nous surprendre, comme par exemple lorsque Yukié voit quelque chose de plus important à ses yeux que l’assassinat qui se déroule pourtant devant elle…

Ce tome 1 de Le fleuve Shinano se termine comme il n’a pas cessé d’être : beau, mystérieux, envoûtant, et promesse d’autres tableaux oscillant entre malédiction et moments de pur bonheur.
 
Par le dessinateur de Lady Snowblood. A découvrir…
 

Par Sylvestre, le 27 février 2008

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