Le discours de la panthère

Sur une île, un buffle pousse autant qu’il peut la montagne, avec la ferme intention de la déplacer… Il a rêvé qu’une comète viendrait bientôt s’écraser ici même, il faut absolument empêcher la catastrophe… Malheureusement, un varan vient le mordre, par réflexe. Il a faim, il voit le buffle, il le mord, la nature fait le reste… Blessé et progressivement affaiblit ce dernier s’épuise et finit par s’affaisser… ! Pendant ce temps là, une autruche, qui se trouve laide, ne supporte plus le regard des autres, elle se cache jusqu’au moment ou elle rencontre un étrange oiseau qui lui déclare sa flamme…

Par fredgri, le 13 octobre 2020

Notre avis sur Le discours de la panthère

On a découvert Jérémie Moreau avec son incroyable "Saga de Grimr" qui lui a valu le Fauve d’or en 2018, et l’excellent "Penss et les plis du monde", en 2019. Il revient avec ce nouvel album, aux Éditions 2024, qui met en scène, cette fois, uniquement des animaux, par le biais de plusieurs contes que l’on pourrait qualifier de philosophiques, de par leur profondeur et la nature des questions existentielles que se posent ces personnages !

Qu’il s’agisse de cet éléphant qui s’inquiète de ne pas avoir le temps de transmettre la mémoire du monde, son histoire, à son petit fils, encore trop jeune pour en comprendre la nature, et ce dernier qui comprend progressivement que la perception du temps qui passe, de la mémoire peut varier selon les individus et leur environnement. Ou encore cet étourneau qui ne supporte plus de suivre bêtement le même parcours migratoire au fil des ans, invariablement identique, sans possibilité de pouvoir s’arrêter, de jouir du paysage, de s’écarter juste un peu du courant, quand bien même il pourrait être dangereux de se singulariser…
Les histoires qui nous sont ainsi racontées portent à la réflexions sur la nature même de l’individu universel, sa place dans le monde, son regard sur lui, les autres, sur ses propres limites et l’envie de les dépasser… Sans prétention, ni grand discours, Jérémie Moreau nous emporte dans un album d’une extrême profondeur ou pour une fois, l’humain n’est plus au centre du propos, il n’y a plus non plus de divinité suprême qui organise la réalité… !
Ses "héros" s’intègrent dans un environnement fascinant, aux mille et une couleurs, qui pousse deçi delà à l’abstraction… Ils sont un tout, un ensemble et petit à petit finissent pas se rejoindre autour de la sage panthère noire pour le discours final…

En refermant ce très bel album, on reste songeur. On se souvient des contes animaliers de La Fontaine, de ces animaux penseurs qui reflétaient une sorte de pensée universelle, pleine de sagesse, quoique souvent morale. Ici, il n’est pas question de donner de grandes leçons, mais bel et bien de se poser et observer ces mises en abime pleines d’enseignement !

Une très belle découverte qui démontre une nouvelle fois que ce jeune auteur n’a pas fini de nous surprendre !

Très conseillé !

Par FredGri, le 13 octobre 2020

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