Le crime qui est le tien

Un soir de 1970, en Australie à Dubbo City, un confiseur s’éteint dans son lit, victime d’un cancer. Avant de mourir, il a néanmoins tenu à se confesser devant un jeune prêtre et le shérif local, avouant être le véritable coupable d’un meurtre survenu 25 ans plus tôt, celui de sa jeune et magnifique belle soeur Lee Ducan ! Révélant ainsi que son frère Greg, le présumé meurtrier, qui est en fuite depuis tout ce temps, serait finalement innocent !
Réfugié, dans le Bush depuis tout ce temps, élevant des moutons, en solitaire, Greg, devenu Thomas Wentworth, apprend la nouvelle et décide de revenir à Dubbo, de renouer avec son passé. Accueilli avec une sorte de réserve par tout le monde il se rend compte que ce passé ne l’intéresse plus, il tente de comprendre aussi la raison de cette confession tardive…

Par fredgri, le 6 octobre 2015

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Notre avis sur Le crime qui est le tien

Nouvel album de la collection "Ligne Noire" qui voit Philippe Berthet proposer des polars avec la crème des scénaristes actuels.

Après un magnifique diptyque Perico, Berthet s’associe cette fois à Zidrou pour nous offrir un polar troublant et passionnant qui prend place en Australie !
Mais qu’importe en fait, car finalement l’action pourrait très bien se placer aux Etats Unis, ça serait pareil, on a le sentiment tout du long de se retrouver dans un bon bled américain, comme on en voit dans certains films.
Mais plutôt que d’axer le scénario sur une enquête ou sur une intrigue alambiquée, Zidrou présente un personnage principal hanté par le fantôme de sa femme qui ne cesse de lui raconter ses aventures extra-conjugales passées. Il revient dans cette ville, sans vraiment savoir ce qu’il y trouvera, comme animé d’un devoir de conscience. Peut-être intrigué par cette confession tardive, un secret qui lui pèse depuis toutes ces années. Tout est donc dans l’ambiance, dans cette tension à fleur de peau. Greg renoue avec le passé, retrouve les rues, les habitants qui n’ont pas changé et encore une fois, la présence de sa femme revient dans la mémoire de tous, sa réputation sulfureuse, ses nombreux amants, tout ce qui peut lui rappeler cette nuit, ce sang, ces coups de ciseaux !

Zidrou créé donc une atmosphère à la fois nonchalante et crispée, car nous commençons à découvrir l’histoire que petit à petit. Le scénariste plante d’abord les rumeurs puis laisse s’immiscer les regards des uns et des autres. Nous suivons la silhouette de Greg qui parcourt les rues de la ville, qui s’imprègne de ce souffre latent et devant nous se dévoile non seulement les éléments du récits, qui se précisent, mais aussi les secrets qui prennent forme.

Peut-être que Zidrou se concentre beaucoup sur l’ambiance et finalement insiste un peu trop sur son postulat de base, limant progressivement l’élément surprise de son scénario, et du coup le lecteur a tendance à se laisser porter sans plus par les magnifiques planches de Berthet et les couleurs extrêmement bien choisies de Dominique David (formidable duo gagnant). Mais l’ensemble est presque hypnotique, lent et troublant. Tout est dominé par le couple Greg/Eve, leurs dialogues obsessionnels rajoutent une teinte de colère à l’ensemble, le jeu malsain de cette femme qui continue de torturer son mari et ce dernier qui ne l’écoute pratiquement plus, ou tout du moins qui n’est à priori plus touché par ces duperies… !

Zidrou installe ainsi un polar psychologique, un peu à la façon des vieux films des années 60, ceux qui rompaient avec les approches plus "Hardboiled". Là nous ne sommes plus dans l’action, ni même véritablement dans un jeu de suspense, mais bien plus dans le portrait intérieur d’un homme, avec beaucoup de subtilité, de finesse dans l’écriture, de fausses pistes, de rencontres… !

Une nouvelle fois Philippe Berthet prouve qu’il sait parfaitement varier ses ambiances et Zidrou lui a offert là une formidable collaboration qui marque cette rentrée ! (la prochaine sera en compagnie de Sylvain Runberg, pour un polar nordique appelé "Motorcity" ! A surveiller de très près !)

Si vous appréciez les polars atypiques, je vous conseille ce très bel album !

Par FredGri, le 6 octobre 2015

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