CONVOI (LE)
Seconde partie

Angelita est donc à Barcelone, sa mère est souffrante, elle a accompagné son beau-père René venu la rejoindre sur place. Mais une fois arrivée, elle découvre que son père qu’elle n’a plus revu depuis ses 8 ans, qu’elle croyait mort, est en fait bel et bien vivant, devant elle, assis dans ce bar ! Il commence à lui raconter sa vie, ces années passée à s’exiler, loin des siens, à fuir après avoir subi l’horreur des camps de concentration… Les retrouvailles ne sont pas joyeuses, Angelita ne comprend pas vraiment pourquoi il a fallu tout ce temps pour qu’elle découvre la vérité, ce secret que sa mère lui cache depuis une quinzaine d’année…

Par fredgri, le 5 avril 2013

Publicité

Notre avis sur CONVOI (LE) #2 – Seconde partie

Dès février 1939, plus de 450 000 républicains franchissent la frontière franco-espagnole pour fuir l’impitoyable répression phalangiste du général Franco. On appellera cet exode des réfugiés espagnols de la guerre civile, la « Retirada ». Mais tout ces exilés seront surtout les premiers à être déportés vers les camps de concentration nazis !

Après une première partie plus axée sur les souvenirs d’Angelita, sur les conditions de vie des femmes pendant cet exil, ce second volume nous emmène sur les traces de Manuel, le père. Et c’est tout un pan de l’histoire qui se révèle, une réalité encore plus violente, sans concession. Nous découvrons ainsi le parcours de cet homme, loin des siens, qui va se briser petit à petit et se renfermer sur lui-même.
On peut être surpris de son silence pendant toutes ces années, de cet « éloignement », mais avant tout on est touché par le désespoir qui l’habite, qui le hante. C’est à ce niveau là que l’écriture particulièrement subtile de Denis Lapière est parfaite. Le scénariste, guidé par Eduard Torrents nous révèle donc une nouvelle facette de ce drame qui s’est joué et qui a brisé tant de vie ! Le récit est particulièrement touchant, d’autant que les personnages ne sont pas lisses, malgré le fait qu’ils restent des victimes ballottées au grès des évènements, ils commettent des erreurs, sont largués par tout ce qui les dépassent, mais ils restent incroyablement humains et justes !

Lapière réussit une nouvelle fois à nous émouvoir dans ce diptyque passionnant qui nous ouvre les portes de l’Histoire sur une vérité dramatique un peu trop souvent occultée.
A la base du projet, il y a les souvenirs du dessinateur, ces histoires que lui racontait son grand-père, cette épreuve familiale qu’il dévoile en fin de volume avec un texte vaguement explicatif très touchant (sans compter les croquis qui l’accompagnent, ainsi que les photographies !) ! Et la collaboration entre ces deux auteurs nous donne ces deux albums particulièrement vibrants d’émotion.

Ce qui m’a le plus marqué avec ce récit c’est qu’il est entièrement axé sur les personnages, bien plus que sur les faits eux même qui nous sont relatés. On ne voit pas grand chose de la réalité des camps de concentration, par contre, on est saisi par la douleur qui tiraille Manuel, par ses souvenirs qui lui font venir les larmes aux yeux. Il y a ces petits gestes, cette main qui se crispe, ce regard fuyant, et bien plus qu’en voyant les corps s’amonceler on est emporté par ce sentiment de désespoir qui découle de cette guerre et de cet exil ! Car rien n’est facile dans ces moments là, on ne fait pas toujours les meilleurs choix, on est souvent perdu au milieu de la tourmente, tandis que le temps continue de couler tranquillement !

Eduard Torrents affine son trait, qui garde toute sa merveilleuse expressivité, tout est basé sur les expressions et c’est tout simplement magnifique ! Du très très bon boulot !

Vous l’aurez compris, cette « mini-série » en deux volumes est tout bonnement un vrai bijou d’émotion avec deux artistes très inspirés.
Très chaudement recommandé !

Par FredGri, le 5 avril 2013

Publicité