CLUB DES PRÉDATEURS (LE)
The Bogeyman

Dans le Londres du XIXe siècle, tout le monde n’a pas droit à la même chance. Liz est née dans une grande famille, où l’argent ne manque pas. Elle fait partie d’un pan de la société qui exploite le peuple, qui tire partie du travail des enfants dans les usines.
Jack, lui, est tout l’inverse. Un ado des rues, un peu ramoneur, un peu voleur.

Mais Liz et Jack vont se rencontrer par hasard. Il va lui parler du Bogeyman, sorte de croquemitaine qui terrorise les enfants des quartiers pauvres et qui aurait tué son père. Pour les riches, c’est une légende. Mais le garçon va tenter de démontrer le contraire à la jeune fille. Ses révélations vont bouleverser Liz et plonger ces enfants dans l’horreur et la terreur…

Par legoffe, le 14 février 2016

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Notre avis sur CLUB DES PRÉDATEURS (LE) #1 – The Bogeyman

Valérie Mangin nous propose une histoire particulièrement sombre, qu’elle va décliner en seulement deux tomes. Avec elle nous remontons le temps et les rues grises de Londres en pleine révolution industrielle dont nous découvrons les deux faces opposées : celle des riches et celle des pauvres. Deux mondes, deux visions d’une société qui cohabitent et qui sont auto dépendantes.

Jusqu’aux dix dernières pages, cette bande dessinée s’apparente à une chronique sociale. Nous côtoyons ces deux univers à travers les pas de Liz et de Jack. L’ombre du Bogeyman plane, mais uniquement à travers les propos des enfants des rues. Les seuls prédateurs que nous voyons régulièrement sont les bourgeois qui s’enrichissent sans le moindre scrupule sur le dos des ouvriers, donnant de temps à autre l’aumône pour garder bonne conscience.
Nous pouvons ainsi comprendre le mécanisme de la société de l’époque, où la dureté et l’injustice étaient particulièrement prégnantes.

Le récit bascule réellement dans l’horreur à partir de la 52e page. Nous assistons alors, crescendo, à une véritable descente aux enfers et il faut avoir un moment le coeur bien accroché pour admettre les images et le propos.
Avec la légende du Bogeyman, Valérie Mangin pousse ainsi loin l’analogie entre l’exploitation des classes et l’appétit dévorante du croquemitaine. L’approche est bien trouvée, même si, au final, certains lecteurs devraient rapidement trouver d’où vient réellement le danger.
Pour ma part, j’ai lu le livre avec intérêt. Tout est raconté pour que nous ayons envie d’avancer et connaître le fin mot de l’histoire. Le scénario souffre pourtant de quelques longueurs. Il faut, en effet, du temps avant d’entrer réellement dans le vif du sujet. On se réveille donc de façon très brusque à quelques pages de la fin du premier tome. De quoi attiser de nouveau notre curiosité, savoir comment tout cela va s’achever ; connaître le destin des enfants. A moins que nous ne soyons poussés par une curiosité malsaine ? Entre les deux explications, mon (haut le) coeur balance. Le malaise est, en tout cas, bien là.

Tant de propos ténébreux trouvent dans le dessin de Steven Dupré et les couleurs de Roberto Burgazzoli des illustrations parfaites de froideur et d’effroi. La misère et la noirceur sont mis en images avec talent et réalisme. Les pages sont sombres, mais portées par un grand souci du détail. Le cauchemar n’en est que plus cinglant.

Récit historique autant que thriller horrifique, « Le Club des Prédateurs » ne laisse pas le lecteur indemne. Dommage que les auteurs mettent autant de temps à vraiment trouver leur rythme. Avant de juger réellement de la qualité de l’histoire, il faudra ainsi attendre de voir où ils veulent nous amener. Ou plutôt où ils veulent emmener nos jeunes protagonistes car aucun d’entre-nous n’aimerait avoir à suivre leur chemin parsemé de terreur.

Par Legoffe, le 14 février 2016

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