Le carnet de rêves

De sa grand-mère aujourd’hui décédée, Laura a récupéré un carnet rédigé en 1936 ; un carnet dans lequel son aïeule notait ses rêves. Poussée par la curiosité, Laura en a entrepris la lecture et est ainsi entrée dans un monde qui ne lui appartenait pas et dont elle n’avait pas les clés.

Page après page, elle a espéré en apprendre plus sur la femme qui était sa grand-mère, mais elle y a plutôt rencontré ses fantômes. De là, de grandes questions se sont (im)posées et une rencontre a eu lieu…
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Le carnet de rêves

Le Carnet de rêves, bande dessinée réalisée par Théa Rojzman, est divisé en trois parties. La première commence comme une histoire "tout ce qu’il y a de plus normal" pour très rapidement s’éloigner de la réalité et mettre en avant les représentations des rêves dont il est question plutôt que de continuer de suivre Laura, la narratrice, dans des cases où elle serait représentée "au présent". Cette première partie fait alors croire au lecteur que tout va se jouer sur ce que découvrira Laura sur sa grand-mère et qu’une fois encore, c’est de la Shoah qu’il va être question…

Et c’est le cas. Mais furtivement, comme si le devoir de mémoire devait avoir fait son apparition avant de pouvoir passer à la suite où il se mettrait en arrière-plan. Car la suite, en effet, pose la question sur un thème bien plus large que le seul génocide des Juifs pendant la seconde guerre mondiale, invitant à réfléchir sur la victimisation et sur la "concurrence" qui peut exister entre les peuples se revendiquant victimes à travers l’Histoire !

Comme dans un rêve, les logiques ne sont pas forcément respectées. Logique temporelle, logique visuelle, logique sensorielle… La surprise surgit donc avec une seconde partie aussi audacieuse que la première tant sur le plan graphique que sur celui de la narration. C’est une mise en abîme de choix qui nous est proposée : Laura (qui n’est pas Théa ?) est rejointe sur le papier par sa grand-mère, l’auteure du carnet (qui n’est pas Théa !). C’est un peu à s’y perdre. Mais le réveil remettra tout en place.

Les pages de cet ouvrage sont très colorées. A grands coups de pinceaux, Théa Rojzman a maculé les surfaces qui s’offraient à elles et les volumes, les aspects, les formes, les lumières ou encore les superpositions de couleurs qui sont apparus sont devenus une nouvelle couche de papier sur lequel elle a placé des motifs, des détails. Ou dans laquelle elle a inséré ses personnages, que ce soit au premier plan ou comme provenant de derrière. C’est très original et parfois même très joli. Ca sort du cadre classique des planches à vignettes, aussi. On regrettera cependant que la formule reste en gros la même d’un bout à l’autre : le plaisir de découvrir chaque nouvelle page est bien là, mais la surprise s’émousse.

Le carnet de rêves est un ensemble de bonnes surprises pour l’œil et l’esprit du lecteur. C’est également un formidable terrain de jeu artistique que s’est offert son auteure et sur lequel elle a marqué des points !
 

Par Sylvestre, le 2 mai 2009

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