Le canonnier de la Tour Eiffel

A Paris, en 1905, alors qu’un spectacle de marionnettes bat son plein au pied de la Tour Eiffel devant un jeune public ébaudi, un vieil homme en uniforme presse le pas. Ce dernier grimpe les deux étages de la grande dame pour se retrouver face à trois goussets qui l’attendent de pied ferme pour le coup de canon de midi. En même temps que ce dernier, une petite explosion a lieu dans le théâtre de marionnettes provoquant des dégâts sur l’une d’elles, Colombine. Le manipulateur Gédéon demande alors à Camille, spectateur patenté, de la restaurer. Pendant ce temps, la sémillante Valentine arpente les rues de de la Capitale en vendant le lait de son ânesse. Le surlendemain, cette dernière se trouve dans le quartier des affaires et croise incidemment Camille à la recherche de bouts de cigares. C’est le coup de foudre pour ce dernier. Les deux jeunes se promettent de se retrouver le lendemain au son du canon de midi. Malheureusement pour Camille, celui-ci va devoir renoncer à son rendez-vous galant pour remplacer à la dernière minute le canonnier de la Tour Eiffel défaillant.

Par phibes, le 16 avril 2021

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Notre avis sur Le canonnier de la Tour Eiffel

Jack Manini, auteur intarissable à qui l’on doit, entre autres, La loi du Kanun, S.O.S. Lusitania, La fille de l’exposition universelle, La pin-up du B-24 s’associe à Hervé Richez, le père des Fondus de…, 12 rue Royale, Un grand bourgogne oublié, etc…, pour nous livrer un récit romantique plongeant ses racines dans le Paris de la Belle Epoque.

Comme l’indique le titre de l’album, l’histoire qui nous est contée se rapporte à Camille, un ex-artilleur à la Coloniale et sculpteur de marionnettes à ses heures, dont la destinée va être bousculée suite à sa rencontre avec la jeune et belle Valentine. Par ce biais, les coscénaristes nous entraînent dans une sorte de chassé-croisé entre différents protagonistes sur fond de romance tourmentée.

Force est de constater que cette équipée sentimentale en trois actes a un réel pouvoir d’attraction et ce, à plusieurs titres. Tout d’abord, au regard de sa consistance historique, dans le cadre parisien de ce début de 20ème siècle, elle nous permet de découvrir cette surprenante fonction de canonnier (certes éphémère) ainsi que d’autres petits métiers et autres faits du début du XXème. Ensuite, l’intrigue qui s’y déroule repose sur un développement tissé judicieusement avec un zeste de légèreté des des situations cocasses, et, malgré certaines tergiversations malsaines, sur des valeurs simples et humanistes, instillées par des protagonistes dont certains ô combien craquants. Enfin, hormis certaines malversations déshumanisantes, elle a la particularité de bénéficier d’une positivité, d’une complaisance qui font mouche.

Il va de soi que le travail de David Ratte renforce le côté humain de cette histoire. En effet, son trait a l’avantage de mettre en animation des personnages d’une belle expressivité, d’une sympathie perceptible, trahissant au passage une recherche certaine sur leur effigie bienfaisante, leur posture, leur pensée…. De même, au vu de nombreuses vignettes, l’artiste s’est fait fort de de restituer le Paris de l’époque via des décors pour le moins léchés (la Tour Eiffel en est le parfait exemple) et emplis d’un détail impressionnant.

Une généreuse histoire romantique qui colle particulièrement bien à la Belle Epoque qui s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle série-concept de chez Grand Angle qui a, comme seule volonté, d’apporter de la positivité à tout un chacun.

Par Phibes, le 16 avril 2021

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