SAISON DE LA COULOEUVRE (LA)
Tome 2

Après les émeutes, le calme est revenu au sein de l’Intersection 55. Enfin pour un temps seulement car bientôt les enquêtes menées en parallèles par chacun des personnages commencent à livrer leurs secrets…

Par melville, le 22 octobre 2010

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Notre avis sur SAISON DE LA COULOEUVRE (LA) #2 – Tome 2

Après un premier tome presque un peu abrupte (mais cela contribuait aussi à son charme), l’heure est venue de mettre à plat cet univers singulier et d’en expliquer les ficelles. Et une nouvelle fois, Serge Lehman fait preuve d’une grande habileté dans sa narration et amène son propos avec élégance. Le risque quand on construit un monde issu de son imaginaire auquel on attribue des codes spécifiques, est de devoir passer par une phase explicative pouvant alourdir le récit… Alors pour éviter ce travers, Serge Lehman a pensé son histoire en sens inverse en faisant le choix de confronter le lecteur directement à cet univers inconnu et seulement d’ensuite lui en livrer les plans en intégrant à part entière ses explications au cœur même de l’intrigue principale. Audacieux et pas forcement des plus simples à réaliser, ce choix confère à la série une profondeur et une puissance narrative forte qui porte le lecteur au-delà de son propre imaginaire. Superbe !

Avec ce deuxième volet de La saison de la Couloeuvre, on découvre grâce à la lecture de l’Archive zéro, l’histoire de la création de l’Intersection 55 et par la même occasion l’origine des Mohais aujourd’hui soumis au culte du Picte et chargés la gestion de l’Intersection… Le récit s’étoffe d’une dimension mystique – presque christique même, de celle si chère à la science-fiction telle qu’elle est vue par les deux auteurs, c’est-à-dire comme un hommage aux grandes heures de la SF des années 40-50.

Mais La saison de la Couloeuvre ne serait rien sans les illustrations de Jean-Marie Michaud qui avec ses dessins donne vie aux personnages et à tout cet univers. L’artiste exécute un superbe travail de minutie et de sens du détail. Dans chacune des cases, les costumes, les machines, les décors sont recherchés et fouillés. On peut également admirer un vrai travail sur les postures et les angles de vues qui offre au récit un aspect futuriste très légèrement suranné, magique ! Et pour être complet, il me faut aussi souligner la très ingénieuse trouvaille sur les jeux entre noir et blanc et couleur qui renforcent l’originalité de l’œuvre. La stabilité, du peuple Mohais, leur embrigadement sous le joug de cette entité insaisissable qu’est le Picte, est traduite par un lavis aux teintes de gris. Terne et morne, il s’oppose aux couleurs chatoyantes de la vie exacerbée, de la liberté portée par le symbole de la Couloeuvre. Jean-Marie Michaud s’amuse à alterner les deux états pour mettre en exergue le propos du récit.

La saison de la Couloeuvre est une œuvre aussi complexe et alambiquée, qu’elle est subtile et profonde. L’alchimie qui se créer entre le travail des deux auteurs captivent et envoûte le lecteur. Indispensable pour les amateurs de science-fiction. Un must !

Par melville, le 22 octobre 2010

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