La route de la vie

 
Les nazis ont lancé leur gigantesque offensive sur la Russie où, du nord au sud, le front progresse et les villes tombent une par une sous le joug allemand. A Léningrad, la stratégie du Führer sera différente et c’est un siège qu’il va monter, décidant de défaire les Russes en les y affamant et en les y laissant mourir de froid.

La petite Olga perdra vite son père. Parti participer à l’effort de guerre sur le chantier de construction d’une voie d’accès à Léningrad – la route de la vie – il sera tué lors d’une attaque nazie. Puis c’est son petit frère et sa mère dont elle n’aura plus de nouvelles dans la ville sans cesse bombardée.

Avec comme seuls compagnons son chien et son violon, Olga va survivre et jouer malgré tout de la musique. En temps de paix, c’est au bord de la majestueuse Néva qu’elle flattait les oreilles des Roussalki (des créatures de légende). C’est là qu’elle continuera, avec ses notes et sa passion, à en appeler cette fois aux dieux de la vie et de l’hiver…
 

Par sylvestre, le 18 janvier 2019

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Notre avis sur La route de la vie

 
Le siège de Léningrad pendant la seconde guerre mondiale est une terrible épreuve qu’ont imposée les nazis à des Russes qui, très vite, sont morts par milliers de froid, de faim et de maladies. Dans cette bande dessinée La route de la vie, c’est cette page d’Histoire qui nous est racontée à travers le regard de la petite Olga, mais c’est avec une très intelligente alternance de séquences réalistes et de poétiques séquences fantastiques que le récit a été construit, nous parlant des horreurs de la guerre en leur donnant une portée mythologique.

Ainsi, par exemple, la mort est personnifiée : vêtue d’un long manteau noir, un crâne d’oiseau en guise de visage, on la voit marcher dans les rues de la ville et croiser des gens qui, alors, tombent. Les Roussalki, créatures symboles de liberté et de paix, sont elles corrompus et deviennent des démons : cette transformation fait écho aux scènes réalistes et "traduit" de cette manière l’installation de l’oppression nazie sur la population de Léningrad. Et puis il y a Flamme, aussi. Symbole de vie, avec son impressionnante chevelure rousse, elle va être capturée et neutralisée par ces Roussalki démons. Et enfin Hiver, dont le souhait le plus grand est de ranimer Flamme mais qui symbolise aussi le froid et qui certes, causera finalement la perte des Allemands, mais fera donc aussi de nombreuses victimes parmi les pairs de la petite Olga…

Que c’est bien vu, que c’est bien fait ! Quelle originalité ! Et quelle beauté dans ces vignettes où la mort, la folie et les malheurs existent et frappent mais où ils sont comme enrobés de cette magique pellicule qui atténue, dans les contes, la gravité des choses. Quelle pureté, aussi, dans ce personnage d’Olga qui devient malgré elle, en toute innocence, une sainte martyre donnant sa vie pour le bonheur des hommes…

Giovanna Furio signe là un excellent scénario original et extrêmement touchant et Marco Nizzoli fait honneur à ses ambitions d’auteure en réalisant des planches d’une finesse et d’une beauté à couper le souffle. On ne pourra pas reprocher la froideur des couleurs puisque l’hiver est au coeur (et est même un personnage, vous l’avez compris !) de cette histoire et qu’elles ont donc toute leur légitimité dans cette oeuvre. La chaleur est à trouver dans la poésie du propos et dans l’issue de cette terrible page d’Histoire livrée sous la forme d’un merveilleux conte.
 
A découvrir absolument !
 

Par Sylvestre, le 18 janvier 2019

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