La prophétie du Tatou

Un geek italien ("un garçon 2.0 dont la vie sociale se confine à son écran d’ordinateur", dixit l’éditeur) apprend la mort de Camille, une amie. Il se révèle alors à la fois incapable de comprendre cette disparition – les décès le font rire -, de le dire à son entourage et ses amis et de décider quoi faire pour lui rendre un dernier hommage.

Maladroit dans la vie quotidienne, il peut heureusement compter sur un tatou, son ami imaginaire, et de rares amis avec lesquels il évoque ses souvenirs avec celle qui était en fait son amour (inavoué) de jeunesse.

Par geoffrey, le 3 février 2015

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Notre avis sur La prophétie du Tatou

Attention BD jubilatoire !

Dans sa bande dessinée, Michele Rech, alias Zerocalcare, nous entraîne dans un univers parallèle où la conscience, les parents ou les profs prennent les traits d’animaux ou de personnages de Star Wars. A l’image de l’ami imaginaire, le tatou, la BD est bourrée autres clins d’œil à la culture pop. Ainsi, il convoque tour à tour Dame Gertrude, le sergent de Full Metal Jacket, Yoda, des Zombies, des fourmis géantes, le Roi Léonidas de "300", Jar Jar Binks ou Obi Wan Kenobi. Malin, Zerocalcare s’excuse à chaque fois de ne pas représenter la personne, prétextant qu’il ne veut pas porter atteinte à sa vie privée.

Derrière ces pirouettes de style, l’auteur raconte la mort de Camille, les souvenirs liés à cette jeune femme, la peur de la solitude, du temps qui passe, l’angoisse au lycée, celle du premier emploi, les petits tracas de la vie quotidienne (ménage, attaques guêpes, engueulade avec les voisins, les courses…). Il livre ses sentiments pour la petite Française de Toulouse qu’il accompagnait en tram même si ce n’était pas sa ligne, les cours de Japonais qu’il prenait pour être avec elle, etc. Comment il espérait la séduire sans rien dire, comment il se faisait des films à partir d’un tip-ex ou d’une gomme qu’elle lui empruntait.

Grâce à son dessin jeté, déjà éprouvé et fortement influencé par le manga avec son lot d’expressions exagérées et de décors simplifiés, l’auteur rend tout à fait crédible l’ambiance d’un lieu, que ce soit la chambre d’étudiant, un café ou le quartier d’une ville. Zerocalcare donne aux personnages des traits marqués. Du côté de la couleur, en revanche, la palette de Valeria LEOPARDI manque de nuances. Pas tout à fait actuelle, basée sur de gros aplats et des couleurs très différenciées, elle vieillit l’ouvrage et lui donne, à mon avis, un aspect déjà classique.

Mais oubliez cette petite faiblesse, tant cette BD est comique et drôlement décalée. Si l’histoire est globalement triste, Zerocalcare ne tombe jamais dans le pathos. Au contraire, il en fait ressortir une variété d’émotions et de références aux jeux vidéos, dessins animés et films de genre, dans lesquels les moins de quarante ans se reconnaîtront. On se surprend à rire tout seul, un tatou à côté de nous. Jubilatoire. On vous aura prévenu !

Par Geoffrey, le 3 février 2015

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