POUSSIERE DES ANGES (LA)
Cendres

Alors que Bugsy Siegel ambitionne, depuis qu’il a été envoyé à Los Angeles, de créer un paradis du jeu aux abords du petit village désertique de Las Vegas, le jeune Anthon’ s’est, pour sa part, construit, sur ce territoire de la côte ouest, un empire grâce au trafic de drogue. A la faveur de cette activité, il a pu préserver Anne, plongée depuis 8 ans dans un profond coma à la suite d’une overdose. Or, aujourd’hui, par le plus grand des hasards, cette dernière a repris connaissance et découvre ce que son protecteur est devenu, un membre actif du Brown Sugar. Lui intimant de laisser tomber immédiatement son commerce, Anne se voit opposer le délai d’une semaine afin qu’Anthon’ puisse recouvrir une forte somme d’argent qui leur permettrait de disparaître définitivement. Mais, à trop tarder, gagneront-il réellement leur liberté ?

 

Par phibes, le 10 mars 2012

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Notre avis sur POUSSIERE DES ANGES (LA) #2 – Cendres

Cendres se veut clore le destin pour le moins dramatique d’Anne et Anthon’, un destin pris en tenaille dans les tentacules ténébreuses et sanguinaires de la terrible pieuvre qu’est la Mafia. Conforme aux ambiances oppressantes campées dans son premier cycle La cuisine du diable et le précédent épisode Blanche Neige, Damien Marie se meut avec dextérité dans les dernières péripéties liées aux deux jeunes personnages principaux.

Avec cet opus, les dés sont jetés. Anne et Anthon’ sont de nouveau réunis mais leur destinée amoureuse est loin d’être une sinécure. Tout en conservant une part de réalité concernant le mafieux américain Bugsy Siegel, le scénariste influe sur le parcours du couple en l’orientant selon un schéma implacable, d’une noirceur et d’une amertume dont ce dernier a le secret.

Le découpage de cet album est habile et permet, dans un alternat impeccable entre les exactions de Siegel et les mésaventures d’Anthon’, de mesurer la difficile émancipation d’un tel microcosme, noyé dans la violence la plus abjecte, la démesure, la fraude, la compromission, le sexe, la drogue et les manigances de toutes sortes. Le compte à rebours mis en place suscite quelque espoir mais sait aussi créer la désillusion la plus acide. De fait, Damien Marie nous fait frissonner avec habileté, donnant à son récit une portée puissante aux volutes acres.

Rien à dire côté graphique si ce n’est que Karl T., comme précédemment, se sort impeccablement de son exercice pictural. Grâce à son encrage appuyé colorisé avec un soin particulier, ce dernier sait noircir le tableau et faire naître la tragédie en créant une atmosphère sombre, un tantinet pesante. A ce titre, il nous fait toucher du doit la violence de l’univers mis en place par son scénariste, la dépravation, les ravages de celui-ci grâce à des images chocs, inévitables qui ne peuvent que secouer notre sensibilité. Le jeu de ses personnages est convaincant, saisissants dans leur torpeur, leurs excès.

Une fin de diptyque sur fond d’amour impossible, sombre et acide superbement orchestrée.

 

Par Phibes, le 10 mars 2012

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